L'attention du sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), qui se réunit dans un contexte de tentions internationales extrêmes, reste focalisée sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Alors que Vladimir Poutine et son homologue ukrainien, Petro Porochenko, avaient annoncé, mercredi dernier, être arrivés à un terrain d'entente afin d'en finir avec la crise ukrainienne, le Président ukrainien a annoncé hier qu'un plan de cessez-le-feu serait signé aujourd'hui à Minsk. Il a expliqué qu'«un document doit être signé prévoyant les étapes de la mise en œuvre d'un plan de paix pour l'Ukraine. La disposition clé du plan est un cessez-le-feu». Cette décision sera discutée aujourd'hui entre l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les représentants de Kiev, de Moscou et les groupes rebelles. La perspective d'un cessez-le-feu afin de mettre fin à la crise de l'Est ukrainien, qui a déjà coûté la vie à 2600 personnes, a été saluée par l'ensemble des chefs d'Etat présents à Newport, hier. De même, les séparatistes pro-russes ont affirmé être prêts à ordonner un cessez-le-feu en cas d'un accord définitif signé à Minsk. Encourageant cette initiative, la France a confirmé la livraison d'un navire de guerre Mistral à la Russie. Le président français, François Hollande, a expliqué que cette livraison aurait lieu à condition qu'un cessez-le-feu soit instauré et qu'une alternative politique à la crise de l'Est ukrainien soit trouvée. A cet effet, il a assuré que le contrat de 1,2 milliard de dollars serait honoré «dès lors que les conditions seront réunies (en octobre ou novembre, ndlr), les bateaux pourront être livrés». En dépit de la situation de l'Est ukrainien, Vladimir Poutine continue de nier toute implication de l'Etat russe dans les violences des derniers cinq mois, proposant néanmoins un plan de sept points en réponse à la crise ukrainienne. Au fil des discussions en cours, l'Occident a affirmé sa position de soutien militaire à Kiev et sa volonté de véhiculer un message d'unité et de fermeté de l'OTAN à l'égard de la Russie. En réponse immédiate à la position défendue par l'OTAN, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé les Etats-Unis de défendre le «parti de la guerre» avant de dénoncer «un sursaut de la rhétorique antirusse, juste au moment où il y avait des efforts actifs pour chercher une solution politique». Victorieuse Dmitri Rogozine, ambassadeur de la Russie auprès de l'OTAN depuis 2008, a, quant à lui, expliqué sur les réseaux sociaux que le sommet de l'OTAN rappellerait le «bon vieux temps de la guerre froide». Outre le paradoxe historique que représente aujourd'hui la menace russe face à l'OTAN, ancienne victorieuse de la guerre froide, où elle n'avait pas eu à user de son armement, les massacres de l'Etat islamique entretiennent l'ambiance très électrique du débat de l'Alliance. En effet, Barack Obama a exprimé sa volonté de construire une coalition internationale afin de faire face à la menace djihadiste. «On doit tout faire pour organiser le monde arabe, le Moyen-Orient, le monde musulman, les rallier au reste de la communauté internationale pour isoler ce cancer», avait déclaré le président américain lors de sa récente visite en Estonie. Les massacres perpétrés au nord de l'Irak par l'EI ont déjà mobilisé un grand nombre de pays européens. Ces derniers avaient soutenu par les armes et par les dons humanitaires les populations civiles persécutées. Mais la coalition évoquée par Barack Obama n'est pas sans rappeler les actions de George Bush et celles de son fils à l'encontre du régime de Saddam Hussein au début des années 1990, et plus tard, de l'Etat irakien en 2003. L'engagement de la communauté internationale sera donc un des défis placés au cœur des problématiques que soulèvera l'OTAN durant ces deux jours. Si François Hollande avait déclaré se tenir prêt à une intervention militaire en cas de nécessité, l'engagement du Royaume-Uni pourrait être plus difficile au vu du précédent litige entre le Parlement anglais et le Premier ministre, David Cameron, concernant une intervention en Syrie. L'autre volet important du sommet de l'OTAN reste la présence des troupes de l'Alliance sur le territoire afghan. L'Afghanistan étant sans gouvernement depuis la mésentente des deux candidats à la présidentielle sur le nombre de voix, le secrétaire général de l'OTAN a demandé aux deux rivaux de signer un accord encadrant la présence militaire dans le pays l'année prochaine. «Nous avons besoin de savoir très rapidement si les arrangements de sécurité nécessaires seront signés par le gouvernement afghan, car c'est une condition préalable pour notre présence en Afghanistan après 2014», a déclaré Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'OTAN. Le sommet de l'OTAN abordera aussi les questions syrienne et libyenne lors de ces deux journées de réunion, avec toujours pour objectif premier la défense commune contre les menaces extérieures.