Après l'épidémie de fièvre aphteuse qui a frappé de plein fouet l'espèce bovine, générant des pertes importantes pour les éleveurs et l'Etat, une vingtaine d'associations de vétérinaires privés sont revenues à la charge en appelant, hier, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural à valider le projet de loi de leur conseil de l'Ordre, avons-nous appris du porte-parole des vétérinaires. En effet, ces derniers, qui affirment avoir déposé une copie en 2012 au niveau de leur ministère de tutelle, ont précisé : «Ce projet de loi a été enrichi par une élite de docteurs vétérinaires et présidents d'association spécialisés à l'issue de débats organisés à travers plusieurs wilayas.» Ainsi, les vétérinaires privés insistent sur l'organisation de leur corps professionnel à la lumière des mutations économiques, des problèmes de santé animale et de sécurité alimentaire du pays. L'un des plus anciens de la profession, le docteur Abdeldjouad Mohamed El Aïd, président de l'Association professionnelle des vétérinaires privés, estime, qu'«il est déplorable que notre corps ne dispose pas d'une organisation nationale qu'assure un conseil de l'Ordre. Ceci dénote le laisser-aller d'une profession qui regroupe plus de 10 000 vétérinaires entre secteurs public et privé. Cette importante masse d'universitaires ne demande qu'à être organisée, à l'image de tous les pays maghrébins, voire du monde, pour faire face aux multiples problèmes de santé animale en Algérie». En effet, selon les statistiques officielles, il existe dans notre pays, outre les chômeurs, quelque 7500 vétérinaires privés et 2500 autres exerçant dans le secteur public qui réclament, depuis plusieurs années, un organe moralisateur, à l'image des autres spécialités scientifiques, à même de permettre une meilleure organisation de cette profession. L'absence de cette structure a fait valoir à l'Algérie, faut-il le noter, une mauvaise image exprimée officiellement par l'Office international de l'épizootie (OIE) et l'épidémie de fièvre aphteuse en est un exemple frappant. En l'absence de cette structure organisationnelle, «beaucoup d'associations ont été créées sans aucune efficacité en l'absence d'une coordination de la direction des services vétérinaires», ont fait remarquer les professionnels de la santé animale. Mais pourquoi ne veut-on pas créer un conseil de l'Ordre pour les vétérinaires en Algérie ? Force est de souligner qu'en 2008, l'ancien ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, avait reçu les membres d'une commission nationale provisoire de l'Ordre des vétérinaires, à l'effet de se pencher sur les textes relatifs au code d'éthique et de déontologie et au statut du conseil de l'Ordre pour cette profession. Sa succession par Rachid Benaïssa, également vétérinaire, avait bloqué l'opération. Depuis, les vétérinaires attendent toujours une notification officielle de leur tutelle pour procéder à la mise en place de leur Ordre national. S'inquiétant du devenir de leur métier, les professionnels estiment que «plusieurs vétérinaires issus de la haute sphère n'ayant pas poursuivi un cursus universitaire reconnu dans la spécialité seraient la cause de ce blocage. Sinon, la création de cette organisation ne peut qu'apporter un plus à la profession où tout intervenant sera identifié et répertorié selon sa région. Elle sera garante de la déontologie de ce métier». Abdelwahab Nouri, ministre de l'Agriculture et du Développement rural est, ainsi, interpellé par les médecins vétérinaires pour instruire la mise en application de cet Ordre que les professionnels de la santé animale espèrent depuis plusieurs années.