Plus de 7500 médecins vétérinaires sont en colère contre le ministre de l'Agriculture et du Développement rural. La cause ? Ils attendent depuis mars 2013 d'être payés après avoir assuré la vaccination de cheptels bovin, ovin, caprin et camelin durant quatre mandats sanitaires (campagnes). Payez-nous Monsieur le ministre», tel un refrain cette demande revient dans chaque correspondance adressée au ministère de tutelle dont les auteurs sont les différents présidents d'association de médecins vétérinaires privés. «Depuis mars 2013, aucun médecin vétérinaire n'a été régularisé. Ce qui dénote d'une nette défaillance dans la prise en charge d'un tel dossier financier. Payez-nous Monsieur le ministre, car aucun responsable de la direction des services vétérinaires ne s'est inquiété du sort de ces vétérinaires dont une bonne partie est dans une situation précaire», lit-on dans l'une des correspondances adressées au ministre de tutelle. Elle est signée par le docteur Refès Mohamed, président de l'Association des médecins vétérinaires privés de la wilaya d'El Tarf. Une wilaya frontalière de la Tunisie, où les contaminations sont légion. L'exacerbation des médecins vétérinaires est perceptible et, telle une tache d'huile, la colère a pris une dimension nationale. «Il s'agit d'une enveloppe de plus de 70 milliards de centimes. Tous les vétérinaires sont soucieux de l'importance de la prise en charge de la santé animale. Afin d'éviter une préalable démobilisation, nous ne souhaitons pas que notre sort soit l'otage des procédures de la banque BADR et la caisse CNMA», estiment par ailleurs les présidents d'association des vétérinaires praticiens privés des wilayas de Annaba, Souk Ahras, Guelma et El Tarf dans une requête collective. En effet, en réponse aux revendications des vétérinaires mandatés, le ministère de tutelle renvoie la responsabilité à la Banque BADR et la caisse nationale CNMA, deux institutions financières intervenant dans cette opération qui s'inscrit dans la durée. Ainsi, à la veille de la cinquième campagne de vaccination qui sera entamée incessamment, les vétérinaires menacent d'une démobilisation générale qui mettra le cheptel algérien en danger réel. Une menace à prendre au sérieux car les vétérinaires du secteur public, mobilisés par le ministère pour assurer cette opération, n'ont pas été au niveau des attentes, notamment face à la fièvre aphteuse. Cette épidémie a frappé de plein fouet l'espèce bovine, générant des pertes importantes pour les éleveurs et l'Etat. Mais les rétributions de l'acte de vaccination ne sont pas les seules inquiétudes de ce corps. L'année dernière, une vingtaine d'associations de vétérinaires privés sont revenues à la charge en appelant le ministre de l'Agriculture et du Développement rural à valider le projet de loi de leur conseil de l'Ordre. En effet, les concernés, qui affirment avoir déposé une copie en 2012 au niveau de leur ministère de tutelle, ont précisé que «ce projet de loi a été enrichi par une élite de docteurs vétérinaires et présidents d'association spécialisés à l'issue des débats organisés à travers plusieurs wilayas». Les vétérinaires privés insistent sur l'organisation de leur corps professionnel à la lumière des mutations économiques, des problèmes de santé animale et de sécurité alimentaire du pays. L'un des plus anciens de la profession, le docteur Abdeldjouad Mohamed Laïd, président de l'Association professionnelle des vétérinaires privés de Annaba, estime, qu'«il est déplorable que notre corps ne dispose pas d'une organisation nationale qu'assure un conseil de l'Ordre. Ceci dénote du laisser-aller d'une profession qui regroupe plus de 10 000 vétérinaires entre secteurs public et privé. Cette importante masse d'universitaires ne demande qu'à être organisée à l'image de tous les pays maghrébins, voire du monde, pour faire face aux multiples problèmes de la santé animale en Algérie». L'absence de cette structure a même valu à l'Algérie, faut-il le relever, une mauvaise image exprimée officiellement par l'Office international de l'épizootie (OIE). En l'absence de cette structure organisationnelle, «beaucoup d'associations ont été créées sans aucune efficacité et loin d'une coordination avec la direction des services vétérinaires», ont fait remarquer les professionnels de la santé animale.