Il est regrettable qu'à ce jour, notre profession ne soit pas dotée d'un conseil de l'ordre.» C'est par ce reproche que le président de l'Association des vétérinaires privés de la wilaya de Annaba a déploré, dans une lettre adressée au ministre de l'Agriculture et du Développement rural, la situation actuelle des vétérinaires. L'un des plus anciens du métier, le docteur Abdeldjouad Mohamed El Aïd, président de cette association professionnelle, estime, dans ce même document destiné aussi au Premier ministre, que «ceci dénote du laisser-aller d'une profession qui regroupe plus de 10 000 vétérinaires entre secteur public et secteur privé». En effet, selon les statistiques officielles, il existe en Algérie, outre les chômeurs, quelque 7500 vétérinaires privés et 2500 autres exerçant dans le secteur public qui réclament, depuis plusieurs années, un organe moralisateur à l'image des autres spécialités, à même de permettre une meilleure organisation de cette profession. L'absence de cette structure a fait valoir à l'Algérie, faut-il le noter, une mauvaise image exprimée officiellement par l'Office international de l'épizootie (OIE), d'autant plus que tous les pays du Maghreb disposent d'un conseil de l'ordre des vétérinaires dont la Mauritanie et le Maroc. En l'absence de cette structure organisationnelle, «beaucoup d'associations ont été créées sans aucune efficacité en l'absence d'une coordination de la direction des services vétérinaires», a fait remarquer l'auteur de cette missive. Mais pourquoi ne veut-on pas créer un conseil de l'ordre pour les vétérinaires en Algérie ? En 2008, l'ancien ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, avait reçu les membres d'une commission nationale provisoire de l'ordre des vétérinaires à l'effet de se pencher sur les textes relatifs au code d'éthique et de déontologie et au statut du conseil de l'ordre pour cette profession. Sa succession par Rachid Benaïssa, également vétérinaire, avait bloqué l'opération. Depuis, les vétérinaires attendent toujours une notification officielle de leur tutelle pour procéder à la mise en place de leur ordre national. S'inquiétant du devenir de leur métier, les professionnels estiment que «plusieurs vétérinaires issus de la haute sphère n'ayant pas poursuivi un cursus universitaire reconnu dans la spécialité seraient la cause de ce blocage. Sinon, la création de cette organisation ne peut qu'apporter un plus à la profession où tout intervenant sera identifié et répertorié selon sa région. Elle sera garant de la déontologie de ce métier». D'autres déplorent «une grande anarchie qui caractérise leur activité qui fait même l'objet de dépassements extraordinaires tels que, entre autres, le trafic de certificats d'orientation d'animaux aux abattoirs». Abdelwahab Nouri, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, qui a survécu au dernier remaniement ministériel, est, ainsi, interpellé par les médecins vétérinaires pour instruire la mise en place de cet ordre que les professionnels espèrent depuis plusieurs années.