Un chef de bureau d'études et un chef de service à l'OPGI, qui avait signé un ordre de service portant sur l'installation d'un chantier en infraction au code des marchés publics, ont été écartés de leurs fonctions en attendant l'aboutissement d'une enquête menée par les services de sécurité sur une grave affaire de corruption et de malversation touchant le secteur de l'habitat. L'affaire qui a éclaboussé la wilaya de Béchar fait suite à une requête adressée par le ministère de l'Habitat sur plainte de K. Smaïl, un entrepreneur en bâtiment de la région, au parquet de Béchar, pour l'ouverture d'une instruction au sujet de la réalisation d'une tranche de 80 logements sociaux inscrits dans un programme de construction de 470 durant la période 1994-1995 et attribuée à B. Boualem, un opérateur privé résidant actuellement à Oran. Ce dernier, selon la plainte déposée par K. Smaïl, aurait réalisé les 80 logements dans des conditions suspectes, avec la complicité de l'ancien gestionnaire de l'OPGI de l'époque qui lui aurait accordé des avantages financiers en violation des textes régissant le code des marchés publics. K. Smaïl affirme aussi qu'après plusieurs années de dénonciations des magouilles entachant la réalisation desdits logements auprès des autorités locales, il a décidé finalement de porter l'affaire au niveau du ministère de l'Habitat qui vient de réagir. Sans registre de commerce ni documents juridiques attestant l'existence d'une entreprise de construction au moment de l'octroi par l'OPGI du projet en question, B. Boualem aurait bénéficié d'un ordre de service pour démarrer les travaux du chantier en percevant comme largesse une avance de 600 millions de centimes due à l'installation du chantier en septembre 1994. Le projet surévalué de 50 % Selon toujours l'accusation, l'entreprise dénommée Sarl Réal 2000 de B. Boualem n'a été créée qu'en 1995, bien après le lancement du chantier en question. Dans la plainte adressée au ministère de l'Habitat par K. Smaïl, ce marché estimé initialement à 8 milliards de centimes aurait été surévalué de 50% à la faveur des avenants établis en complicité, dit-il, avec l'ancien directeur de l'OPGI. C'est sur la base de ces graves accusations que le ministre a dépêché un inspecteur de son département pour faire toute la lumière sur cette affaire d'atteinte au patrimoine national. L'entrepreneur dénonciateur du scandale a été convoqué et entendu par l'inspecteur au siège de l'OPGI. A ce propos, instruite par le procureur de la République, la Gendarmerie nationale, saisie, a ouvert une enquête dont les conclusions sur les tenants et aboutissants du dossier demeurent entre les mains du parquet. La justice ira-t-elle, cette fois-ci, jusqu'au bout pour dévoiler les dessous du scandale ? On se souvient, en 1995, de la retentissante affaire de détournement des containers de verre, don de la Communauté européenne, destinés à équiper les logements sociaux des OPGI de l'Ouest dont l'Office de Béchar chargé de superviser et distribuer ces marchandises, qui n'a donné lieu, dix ans après, à aucune inculpation. Cette nouvelle affaire qui implique encore l'ancienne direction de l'OPGI, va-t-elle aboutir contrairement à la première ? En tout état de cause, l'opinion publique locale déjà informée estime que la période dite « décennie noire » des années 1990 se prêtait à toutes sortes de magouilles. Une faune d'opportunistes et de mauvais gestionnaires des affaires publiques avait émergé et tissé des liens et accointances pour accaparer le secteur juteux de l'habitat. L'Etat, menacé à l'époque dans ses fondements institutionnels, n'était pas en mesure de s'attaquer à la corruption et à la gestion chaotique sévissant principalement dans les secteurs du foncier et de l'habitat. L'opinion publique locale considère toutefois que l'impunité des auteurs de crimes économiques encourage d'autres à suivre le même chemin.