La démolition d'un nombre de bâtisses à la vieille ville tourne mal pour les autorités locales, sommées de s'expliquer alors que le chantier est interrompu. Le tollé qui a été soulevé autour de cette histoire a, en effet, amené le ministère de la Culture à dépêcher une commission d'enquête arrivée mercredi soir et qui a entamé son travail pour mesurer l'initiative et situer les responsabilités. En effet, ce qui devait être une simple opération de délogement d'indus occupants s'est transformé en un grand chantier de démolition qui ne fait pas de distinguo entre les bâtisses menaçant ruine et celles encore solides. Cela a attiré d'abord le courroux des propriétaires qui sont vite montés au créneau pour dénoncer cette décision jugée « arbitraire et unilatérale ». Par la suite, c'est un collectif d'associations œuvrant à la défense du patrimoine qui a pris le relais et réagi à travers un communiqué qui condamne sans ambages la démolition. La vieille ville Souika est, rappelons-le, un site préservé et classé patrimoine national, ce qui la place sous une protection juridique qui réglemente toute initiative touchant au bâti. Le projet du « Master Plan », mené par des experts italiens qui sont actuellement à l'œuvre, devra fournir une carte précise d'une vieille ville réaménagée en prenant en compte les bâtisses à démolir. Ces dernières existent sans nul doute et il appartient aux autorités de les évacuer pour préserver des vies humaines. Les défenseurs du site attirent l'attention, cependant, sur un chantier mené dans la précipitation et qui risque d'affecter les bâtisses mitoyennes encore solides. En outre, le travail des commissions techniques chargées d'évaluer l'état des bâtisses est tout aussi remis en question par des contre-expertises commandées par les propriétaires et qui prouvent que la majorité des bâtisses marquées au rouge est en bon état. Le bras de fer avec l'administration a pris une sérieuse allure durant la semaine dernière. Devant l'urgence, une dynamique citoyenne est née pour réagir et stopper ce qui est qualifié de « désastre ». Une vingtaine de personnalités composées d'universitaires, de juristes, de journalistes et de représentants du mouvement associatif, s'est réunie jeudi dernier pour étudier la situation et formuler une réponse forte à l'entreprise d'une administration accusée indirectement de destruction sous-tendue par des appétits étroits dans une totale indifférence à l'égard d'une ville qui a des siècles d'histoire. Un appel aux Constantinois jaloux du bien de leur cité est lancé en attendant le rapport d'enquête qui provoquera au moins une décision ministérielle pour l'arrêt de la démolition.