Walid Bouchouchi. Il est n'est peut-être pas encore connu du grand public, mais il est déjà possible de le trouver en tapant son nom sur google. Ce n'est pas par hasard que Walid s'est retrouvé un jour dans le domaine artistique. Son bac en poche et la passion entre les mains, il entre à l'Ecole des Beaux-arts d'Alger où sa curiosité le mène vers l'image et son impact sur la société. Il en sort quelques années plus tard avec non seulement un diplôme, mais surtout une vision de l'art. C'est au détour d'un café au centre-ville qu'il nous parle aussi bien de la sociologue Fatma Oussedik, «sa prof» qui l'inspire tant, mais aussi du groupe de rap MBS, ou encore Tikherbichine, pour mieux nous expliquer qui il est. Né en 1989 à Alger, walid Bouchouchi parle avec beaucoup de simplicité et un ton d'ironie. Il se présente comme un concepteur d'images à consommer : «Mes illustrations sont un produit de consommation, chacun se nourrit de ce qu'il voit ou capte, j'aime à penser qu'une idée puisse être transmise juste en la regardant.». Esprit irrévérencieux et léger, il pousse la franchise à son extrême : «Dans mon travail, je cherche à m'approprier le message véhiculé par ces images, de profiter de leur célébrité pour les détourner en isolant l'iconographie populaire qu'elles constituent.» Fondateur du concept AKAKIR qui prend ses sources dans le détournement d'images iconographiques, il se fait connaître à travers plusieurs illustration comme celle de la madone de Bentalha. «Je réunis une base d'images populaires communes que je réinterprète et manipule de manière à leur faire passer un message différent, dans un langage partagé.» oser l'extravagance et la dérision dans le but de dédramatiser. Constamment à l'écoute de la société, il saisit le sens pour le joindre à l'image, afin de véhiculer, à sa manière, l'idée que se fait un peuple de lui-même. «D'un contexte à un autre, le message varie et le jeu de la transmission d'informations laisse apparaître ses strates, donnant naissance à une interrogation consciente sur le vu, le perçu et le reçu». Walid aime triturer l'actualité en la confrontant aux traditions, il sublime au passage des repères communs qui font appel à la mémoire visuelle et conceptuelle de l'Algérien lambda. Ce dernier, pour qui il se définit comme un communicant visuel. «C'est du commun que je m'inspire, plus les repères sont communs plus le sens est fort», explique-t-il. En jouant avec les repères sociologiques, politiques voire religieux, il éveille en chacun de nous une impression étrange. Son ambition : résumer en une image haute en couleur ce que beaucoup pensent tout bas, sans pour autant pouvoir le formaliser clairement. A la frontière du concept et de l'idée, le message prend une forme lucide dès sa visualisation. «Je suis parfois étonné et très souvent agréablement surpris de l'interprétation que se fait chacun selon ses repères.» Parfois le sens que se font les gens de son travail dépasse en profondeur toutes ses attentes. C'est jouer à la manière de l'enfant avec les convenances, décontenancer par le biais de l'humour et de la créativité. Anticonformiste, il entend briser, par le biais des ses illustrations, les conventions imposées dans l'art en vouant un culte à la liberté de création sous toutes ses formes. Le message s'impose par lui-même à la première visualisation. C'est une sorte de confrontation entre la récupération effectuée par les médias dominants et le détournement comme parodie satirique. «C'est un travail critique dans un objectif de dérision Dans cette ère du multimédia et de la mondialisation, je m'interroge sur la consistance de ce ‘‘Global Village'' où l'on vivrait dans un même temps, au même rythme et donc dans un même espace à travers ces images qui unifient la conscience collective et la formatent. Pour dénoncer la mainmise des médias sur l'esprit des individus dans un but consumériste et propagandiste», précise Walid. En somme, Bouchouchi est à la recherche de ce pouvoir de créer de toutes les façons possibles, la recherche de la liberté sous toutes ses formes.