La gestion de l'eau en Algérie laisse à désirer. L'aveu est de Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau. M. Sellal, qui intervenait hier, sur les ondes de la Radio nationale, a reconnu que la gestion de l'eau pose « un problème réel ». Au niveau local, la gestion des ressources hydriques est confiée aux régies communales. A ce propos, le ministre n'est pas satisfait. « Près de la moitié des communes de l'Algérie (plus de 700 APC, ndlr) ne payent pas l'eau ou du moins le paye à un prix symbolique. Nous sommes loin d'une bonne gestion de l'eau », déplore-t-il. Entre autres symptômes, le ministre cite le « piquage et le forage illicite et le gaspillage ». « Le piquage considéré comme illicite est presque autorisé notamment dans les régions enclavées », dira-t-il. Pour y remédier, le département des Ressources en Eau avait mis en place une police des eaux, afin de verbaliser les contrevenants. Sauf que cette mission est loin d'être une partie facile. « Il y a des zones où on ne peut pas agir », affirme M. Sellal, l'air impuissant. En insistant sur la nécessité de rationaliser l'utilisation de l'eau, le représentant du gouvernement rappelle qu'« il ne faut pas que l'Algérie arrive au même stade que lorsque le gouvernement avait lancé une sérieuse réflexion pour importer de l'eau en 2003 ». A la question de savoir si la gestion déléguée des eaux, dont bénéficie actuellement 4 wilayas du pays, sera-t-elle élargie vers d'autres régions du pays, l'invité de la radio a fait savoir que cette éventualité dépendra de l'évaluation de contrats de gestion déléguée confiés aux sociétés étrangères. « C'est en fonction des résultats de l'évaluation des contrats de gestion que le gouvernement décidera d'élargir ce mode de gestion vers d'autres wilayas », s'est-il contenté de dire. Actuellement, la gestion déléguée des grandes villes telles que Annaba, Oran, Constantine et Alger, a été confiée respectivement à l'entreprise allemande LCN Vacer, l'entreprise espagnole Akbar de Barcelone, la Société des eaux de Marseille et Suez. S'agissant de la société d'eau et d'assainissement d'Alger Seaal, gérée par Suez et dont le contrat devrait expirer avant 2011, le ministre a évalué à hauteur de 96% l'approvisionnement en eau potable H24. Soutenant que la distribution de l'eau à longueur de journée est un de ses objectifs, il rappelle que le plus important est de transmettre les connaissances et former les cadres algériens en la matière. Le volet de l'assainissement pose, par contre, selon le ministre, un retard de taille. « On n'a pas atteint nos objectifs. On est en train de pousser la Seaal à fournir plus d'effort », précise-t-il, en estimant que le gouvernement décidera, sur les conclusions d'un audit externe, de la continuité de la gestion déléguée ou son transfert à des cadres algériens. Interrogé par ailleurs sur les réclamations de nombreux abonnés quant à l'augmentation inexpliquée ces dernières semaines des factures de l'eau, le ministre a reconnu l'existence d' « erreurs », lesquelles, selon lui, devraient être corrigées incessamment. Cela étant, il rappelle que beaucoup de citoyens ne disposent pas de compteur et la consommation de l'eau est « loin de son juste prix ». D'où son appel à la sensibilisation : « (...) Les gens doivent comprendre qu'il faut économiser l'eau et éviter la surconsommation. »