La plupart des cités s'enfoncent, de jour en jour, dans un misérabilisme sans pareil. Chaussées creusées, crevasses transformées en étangs, immondices éparpillés aux quatre vents, immeubles tristes et mangés par la saleté, boue, fuites d'eau potable, égouts éclatés, espaces verts piétinés, et au-dessus de cette ruine consommée, évoluent des citoyens, insensibles et indifférents à leur cadre de vie et à celui de leurs enfants. L'incivisme y est pour beaucoup, mais certainement pas le seul à incriminer, comme par exemple pour ces décombres balancés par les fenêtres et les ordures ménagères traînant à la merci des animaux errants, en dehors des heures de ramassage. Et les routes défoncées, les regards obstrués et mal conçus, l'éclairage public défaillant, ou pire, fonctionnel le jour et souvent pas la nuit…qui en est responsable ? Pour rappel, en mai dernier, une assemblée constitutive du conseil consultatif du mouvement associatif de la ville des Ponts avait été initiée par l'APC et la daïra. Celle-ci s'était assigné l'objectif de régler, une fois pour toute, le problème de représentativité du mouvement associatif en instaurant une meilleure relation avec les pouvoirs publics par le biais d'une participation citoyenne effective à la gestion des affaires de la ville, entre autres, la sensibilisation des habitants des cités sur la nécessité de préserver leur environnement immédiat. Malheureusement, la plupart des associations n'ont pas pris les choses au sérieux, leurs présidents ayant « versé dans l'intrigue et l'arrivisme, allant jusqu'à agresser physiquement le président du conseil », selon des sources fiables. Arrivera-t-on un jour à éloigner les voyous et autres rabatteurs, qui n'ont à cœur que de servir leurs intérêts sordides sous le masque du bon samaritain ? En attendant, la volonté de bien faire existe, preuve en est que des jeunes issus de quartiers populaires se disent prêts à contribuer à l'amélioration de leur espace vital si on leur donnait les moyens d'agir. Et pas forcément des moyens matériels. « De quel droit irions-nous montrer aux gens ce qu'ils doivent faire, et comment ils doivent éduquer leurs enfants ? » relèvent-ils à ce propos. Ils feraient bien quelque chose d'utile pour leurs quartiers, « si quelqu'un de sérieux était investi d'une certaine légitimité pour (les) guider, et le cas échéant, amener les plus récalcitrants à adhérer au projet d'une meilleure vie dans les cités ». En attendant que cela arrive, saluons au passage les résidants de la cité du 11 Décembre, sise à Hraïcha Ammar (Aïn Smara), et prenons exemple sur eux puisqu'ils ont réussi le pari de faire de leur quartier un modèle de civisme et de bon voisinage, ayant compris que désormais ils ne devront compter que sur eux-mêmes. Par leur action, ils ont prouvé qu'il est possible de changer les choses au mieux, et qu'il fait bon vivre en communauté. A qui profite donc l'anarchie ?