Nombre de documents publiés proviennent des boîtes mail de personnalités politiques et médiatiques que le hacker est parvenu à pirater, notamment celles de l'actuel ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, et de sa ministre déléguée, Mbarka Bouaida. Authentifiés, les documents rendus publics renferment en effet des informations sensibles sur le fonctionnement de la diplomatie marocaine et les moyens mis en œuvre par Rabat pour acheter la complicité et surtout le soutien des Occidentaux dans le dossier sahraoui. Plus grave encore, ils mettent en cause des journalistes français. Chris Coleman accuse ainsi, échanges d'agents de la DGED (le contre-espionnage marocain) à l'appui, des journalistes français d'avoir roulé à fond pour le Makhzen en contrepartie de fortes sommes d'argent et de vacances de rêve à Marrakech. Quatre journalistes français de Libération, TF1, L'Express et Le Point ont ainsi été payés par la monarchie marocaine à plusieurs reprises. Rabat attendait de ces médias qu'ils diffusent et soutiennent, en France, la position officielle marocaine sur la question du Sahara occidental et s'attaquent à l'Algérie. Selon Chris Coleman, ce système de corruption a été organisé notamment par un patron de presse marocain en lien avec les services de renseignements marocains. Les journalistes en question étaient grassement payés pour, entre autres, la rédaction d'éditoriaux. José Garçon, Mireille Duteil, et Vincent Hervouët ont la particularité d'avoir publié chacun entre 22 et 26 chroniques, rien qu'entre janvier et octobre 2014, sur le Sahara Occidental en s'abstenant à chaque fois d'évoquer la situation intérieure marocaine. Il est à rappeler que le régime de Ben Ali avait déjà su s'attirer, en 2011, les faveurs de patrons de presse français. Un livre s'appuyant sur les archives secrètes de l'ancien dictateur tunisien a même été écrit sur le sujet.