Un pays en ruine où l'instabilité et l'insurrection des talibans ne font que prolonger un conflit qui a déjà bouclé ses 35 ans. Le 1er janvier, la mission «Soutien résolu» pour l'aide et la formation de l'armée afghane prendra le relais avec 12 500 hommes. A la fin de 2015, les troupes américaines en Afghanistan vont diminuer de moitié. Fin 2016, il ne restera plus qu'une force pour protéger l'ambassade à Kaboul. Washington continuera néanmoins à fournir un soutien aérien aux autorités afghanes et pourrait intervenir directement en cas d'avance rapide des talibans. Ces derniers ont averti le nouveau président, Ashraf Ghani, qui a pris ses fonctions en septembre dernier, qu'ils ne participeraient à aucune discussion sur la paix tant que des soldats étrangers resteront en Afghanistan. Son prédécesseur, Hamid Karzaï, a fini par se brouiller avec ses alliés. Ayant à maintes reprises protesté auprès de Washington à cause des raids américains qui ont faits des victimes civiles au lieu de neutraliser les talibans, il a décidé de négocier directement avec ces derniers, sans associer les Etats-Unis. Dans son optique, résoudre le conflit afghan passe par le départ des troupes étrangères et s'entendre avec les talibans sans intermédiaire. Ses efforts se sont poursuivis jusqu'au dernier jour de sa mandature, le 29 septembre 2014, pour aboutir à un échec. Le président Ghani préfère faire appel à l'Arabie Saoudite et à la Chine sachant que Pékin entretient de bonnes relations avec le Pakistan, pays qui abrite des bases arrières des talibans. Ce qui facilitera les négociations. Les invasions soviétiques et occidentales Le conflit afghan a consommé ses 35 ans mais la guerre ne fait que succéder à la guerre et toutes les élections organisées durant cette période n'ont instauré ni paix ni stabilité. En 1979, en pleine guerre froide, les forces soviétiques envahissent l'Afghanistan. Soutenus par l'Occident et notamment les États-Unis, les Afghans prônent la résistance contre l'envahisseur qui finit par quitter le pays en février 1989. En 1992, le gouvernement de Najibullah, allié de Moscou, tombe et se déclenche alors une guerre civile entre factions afghanes. Dans cette situation d'instabilité et de vide politique, les talibans font leur apparition, soutenus par le Pakistan, allié des Etats-unis. Ils prennent le pouvoir en 1996 et installent un régime fondé sur une interprétation rigoriste de la loi islamique. Sanctionné par l'ONU, le régime taliban, dirigé par le mollah Omar, se rapproche d'Al Qaîda et accueille son chef, Oussama Ben Laden. Après les attentats du 11 Septembre 2001 à New York, les Etats-Unis et leurs alliés de l'OTAN interviennent militairement en Afghanistan, évincent les talibans du pouvoir et y installent Hamid Karzaï. En octobre 2004 est tenue la première élection présidentielle, remportée par Hamid Karzaï. Suivent l'année d'après les élections législatives et provinciales. En 2009, l'élection présidentielle est marquée par la victoire contestée du président Karzaï dans un contexte de fraude massive, de faible participation (30 à 33% selon l'ONU). Son adversaire Abdullah se retire du second tour en dénonçant un scrutin frauduleux et joué d'avance en faveur de son rival. En septembre 2014, le troisième scrutin présidentiel est lui aussi contesté, marqué par des soupçons de fraude massive où Abdullah, de nouveau second, se dit «lésé». L'élection se réglera avec un accord de partage du pouvoir qui consacre la victoire d'Ashraf Ghani et Abdullah devient chef de l'Exécutif. Le 30 septembre dernier, un accord de sécurité est signé à Kaboul par l'ambassadeur des Etats-Unis James Cunningham et Hanif Atmar du Conseil afghan à la sécurité nationale. Le président Hamid Karzaï a refusé pour sa part de signer le document, envenimant les relations entre Kaboul et Washington. Document qui porte sur la nouvelle mission qui succédera à l'ISAF, appelée «Soutien résolu». Elle assurera l'entraînement et l'appui des forces afghanes qui combattent les insurgés talibans, qui jusque-là fragilisent le pouvoir installé à Kaboul.