Une délégation de représentants talibans a rencontré, vendredi au Qatar, l'émissaire américain pour la paix en Afghanistan, Zalmai Khalilzad, rapporte l'APS citant un communiqué des talibans rendu public hier. «Une délégation du bureau politique (…) a rencontré l'équipe de négociation américaine dirigée par Zalmai Khalilzad», indique un communiqué du porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid. La délégation des talibans a qualifié de «de grand obstacle à une paix réelle la présence de forces étrangères» dans le pays. Les deux parties «ont parlé d'une fin pacifique à l'invasion de l'Afghanistan» et ont «convenu de poursuivre ces réunions», selon les talibans. La rencontre intervient alors que les attentats se multiplient dans le pays. Ainsi, au moins 12 personnes ont trouvé la mort, hier, dans l'explosion d'une moto piégée, lors d'un rassemblement électoral d'une candidate aux élections législatives du 20 octobre en cours, dans la province de Takhar (nord). «La moto a explosé» alors que les participants quittaient le lieu de rassemblement. «La candidate Nazifa Yousefibek n'a pas été blessée», a indiqué le porte-parole du gouverneur de la province, Mohammad Jawad Hejri. De son côté, le porte-parole provincial de la police, Khalil Assir, a fait état d'un bilan de 13 morts. Mardi, un attentat-suicide dans les bureaux d'un candidat aux législatives a fait au moins 8 morts, dont le candidat Saleh Mohammad Asikzai dans la ville de Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, dans le sud du pays. Le décès de Asikzai porte à au moins 6 le nombre de candidats tués jusque-là, selon la Commission électorale indépendante. La semaine dernière, les talibans ont lancé un appel à la violence contre les forces de sécurité afghanes pour mettre en échec les élections législatives du 20 octobre. Depuis, de nombreux attentats ont visé des rassemblements électoraux. Dans un communiqué de leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, le groupe taliban appelle ses «moudjahidine à stopper ce processus dirigé par les Etats-Unis en usant de tous les moyens à disposition» mais en «prenant soin de la vie des habitants et de leurs propriétés». «Ceux qui soutiennent la réussite de ce processus en aidant à la sécurité (les forces afghanes, ndlr), doivent être ciblés», ajoute le texte. «Tout doit être mis en œuvre pour faire échouer ce complot malveillant des Américains.» Et de soutenir : «Nous réitérons et rappelons aux envahisseurs étrangers et aux concepteurs de ces fausses élections que la véritable solution à la crise afghane actuelle réside dans le retrait complet de toutes les forces d'occupation étrangères et dans le rétablissement d'une souveraineté purement islamique.» Un conflit de près de 40 ans En 1979, les forces soviétiques envahissent l'Afghanistan. Soutenus par l'Occident et notamment les Etats-Unis, les Afghans prônent la résistance contre l'envahisseur qui finit par quitter le pays en février 1989. En 1992, le gouvernement de Najibullah, allié de Moscou, tombe. Se déclenche alors une guerre entre factions afghanes. Dans cette situation d'instabilité et de vide politique, les talibans font leur apparition, soutenus par le Pakistan, allié des Etats-Unis dans la région. Ils prennent le pouvoir en 1996 et installent un régime fondé sur une interprétation rigoriste de la loi islamique. En mai 1997, le Pakistan, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis reconnaissent le gouvernement des talibans. Sanctionné par l'Organisation des Nations unies (ONU), ce gouvernement se rapproche d'Al Qaîda et accueille son chef, Oussama Ben Laden. Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, les Etats-Unis et leurs alliés de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) interviennent militairement en Afghanistan, évincent les talibans du pouvoir et y installent Hamid Karzaï. En octobre 2004, est tenue la première élection présidentielle, remportée par ce dernier. Suivent, l'année d'après, les élections législatives et provinciales. En 2009, l'élection présidentielle est marquée par la victoire contestée du président Karzaï dans un contexte de fraude massive et de faible participation, 30 à 33%, selon l'ONU. Son adversaire Abdullah se retire du second tour, dénonçant un scrutin frauduleux et joué d'avance en faveur de son rival. En septembre 2014, le troisième scrutin présidentiel est lui aussi contesté, marqué par des soupçons de fraude massive, où Abdullah, de nouveau second, se dit «lésé». L'élection se réglera avec un accord de partage du pouvoir qui consacre la victoire d'Ashraf Ghani et Abdullah devient chef de l'Exécutif. Le 30 septembre 2014, un accord de sécurité est signé à Kaboul par l'ambassadeur des Etats-Unis, James Cunningham, et Hanif Atmar du Conseil afghan à la sécurité nationale. Le président Hamid Karzaï a refusé pour sa part de signer le document, envenimant les relations entre Kaboul et Washington. Document qui porte sur la nouvelle mission «Soutien résolu». Elle assurera l'entraînement et l'appui des forces afghanes qui combattent les insurgés talibans. Cette force remplace les troupes de l'OTAN, à savoir l'International Security Assistance Force (Isaf) qui ont quitté fin 2014 le pays.