L'alimentation en gaz de ville ne devrait a priori poser aucun problème à Skikda, sachant que celle-ci est productrice, et même exportatrice, à travers la zone pétrochimique, de cette précieuse énergie. Seulement la réalité est tout autre, plusieurs agglomérations et grandes communes, situées à quelques kilomètres à peine du chef-lieu de wilaya, continuent à utiliser le gaz butane. Annoncé depuis plusieurs années déjà, le projet de raccordement au gaz de ville des localités de Ben M'hidi et de Fil-Fila tarde à se concrétiser, au grand dam des habitants contraints de passer un énième hiver avec des bonbonnes de gaz. L'incompréhension et la colère des habitants de ces deux localités sont d'autant plus justifiés, dès lors qu'ils s'étaient réjouis de voir que des travaux de raccordement avaient été entamés en 2008, laissant présager l'arrivée du gaz de ville au mois de mai de la même année. Plus d'un an après rien ne se passe, et le gaz se fait toujours attendre. « Des techniciens, sous-traitants de la Sonelagz, ont creusé partout et ont même procédé à des installations de connexion du gaz à nos habitations et l'on continue d'attendre », fera savoir une jeune fille rencontrée à Fil-Fila. Contacté, le directeur de la Sonelgaz, fraîchement installé, tout en reconnaissant le retard enregistré dans le programme, imputera néanmoins celui-ci aux actes de vandalismes et aux agressions sur les ouvrages, disant de ce fait : « La Sonelgaz ne va pas s'en laver les mains ou nier le retard enregistré, mais nos travaux avaient été achevés dans les délais, nous étions par la suite obligés de réfectionner tronçon par tronçon du linéaire qui a été endommagé. » L'on apprend, par ailleurs, que sur les 61 km programmés pour les deux localités, 36 sont actuellement opérationnels à Ben M'hidi avec un total de 1 244 branchements sur les 1825 prévus. Le directeur de la Sonelgaz a d'ailleurs profité de l'occasion pour inviter les citoyens « à se rapprocher du service commercial pour s'acquitter des frais de participation et bénéficier de suite de l'alimentation en gaz ». En attendant l'achèvement total du programme, les citoyens continuent de subir d'innombrables incommodités qui ne sont pas sans conséquences sur les petites bourses, en plus des risques sanitaires, comme en témoigne, en ces termes, une mère de famille de Fil-Fila : « Nous consommons trois à quatre bouteilles par semaine en période hivernale puisque nous sommes obligées de faire chauffer l'intérieur de nos appartements, exposant par la même occasion nos enfants aux effets néfastes des gaz brûlés. » Les soucis ne s'arrêtent pas là puisque c'est à un véritable parcours du combattant que sont livrés ces citoyens pour s'approvisionner en gaz butane. S'agissant des fréquentes et longues coupures d'électricité, notamment en hiver, le directeur de la Sonelgaz a tenu à rassurer ces populations en affirmant que « dorénavant il n'y aura plus de coupures aussi fréquentes, sauf celles programmées, puisque un vaste programme de mise à niveau du réseau électrique est actuellement en cours et devrait s'achever vers la fin du mois ».