La filiale Algérie de Gico Construzioni, entreprise italienne spécialisée dans le BTP, est étouffée par ses dettes. Elle n'a pas versé les salaires de ses quelque 600 employés depuis janvier dernier et les œuvres sociales depuis trois ans. Les 40 fournisseurs qui sous-traitent avec elle, eux aussi, n'ont pas été payés en conséquence. Ils détiennent près de 80 millions de dinars de créances sur cette entreprise. Elle est pourtant sur de gros projets tels que l'autoroute Est-Ouest. Face à une situation insupportable, les sous-traitants ont conjugué leur action avec les employés, en colère, qui se sont rassemblés hier devant la direction de la filiale à Alger pour, à la fois, dénoncer le louvoiement de celle-ci et exiger le recouvrement de leurs créances. « Il y a des sous-traitants qu'elle n'a pas payés depuis 2003. Ce n'est pas une question d'argent, car elle en a, mais son propriétaire compte la céder à un repreneur sans pour autant honorer ses engagements envers nous. S'il n'avait pas cette intention, il aurait pu assainir la situation avec les 120 millions de dinars placés au CPA », a indiqué le responsable de l'entreprise NGT, un des sous-traitants désarçonnés. L'entreprise italienne doit à ce dernier 2 millions de dinars, ce qui paraît infime par rapport aux ouvrages dans lesquels elle s'est engagée. L'entreprise mère, basée à Rome, a déjà déposé son bilan. Et la justice italienne a nommé un administrateur qui va assainir les comptes de celle-ci. La filiale Algérie est là depuis près de vingt ans. Selon ses employés, elle fait de bonnes affaires. D'ailleurs, même la justice italienne a été saisie pour l'épargner, car elle est viable et rentable. Pourquoi est-elle un « mauvais payeur » ? Selon certains de ses créanciers, la filiale Algérie a toujours assuré l'équilibre de l'entreprise mère. « Les comptes de cette filiale sont gérés de là-bas par le président-directeur général Hugo Kozani. Et la petite direction n'a aucun pouvoir de décision », a ajouté l'un des créanciers, propriétaire de Rizibil, une société-service spécialisée dans la location des engins des grands travaux. « No comment. » Le directeur de la filiale Algérie refuse de parler. Il préfère « un traitement à l'amiable ». « Je ne suis pas autorisé à faire la moindre déclaration », a-t-il asséné d'un ton coléreux, précisant que ses employés ne veulent pas s'asseoir autour d'une table de négociations. Les employés ainsi que les sous-traitants comptent porter l'affaire devant la justice.