Hamoud Salhi, professeur assistant de sciences politiques à l'université Dominguez Hills de l'Etat de Californie, s'est dit persuadé, lors d'une conférence-débat consacrée aux défis sécuritaires dans la région du Golfe arabo-persique, animée hier au siège du journal arabophone Ech Chaâb, que le bras de fer qui oppose actuellement Washington à Téhéran concernant la question du nucléaire ne dégénérera pas en conflit armé. « Il y a des éléments qui me permettent de dire aujourd'hui que les Etats-Unis ne sortiront pas du cadre diplomatique dans le traitement de la problématique du nucléaire iranien. Je suis même persuadé que les deux parties parviendront à un accord à moyen terme », a soutenu le professeur Salhi. En revanche, l'enseignant de l'université de Californie s'est montré convaincu que les gourous de la politique extérieure américaine ne s'empêcheront pas de chercher encore à « surdimensionner » la menace iranienne et le « péril chiite », de telle sorte à rendre la présence américaine indispensable dans la région et à vendre des armes à des pays comme le Koweït, les Emirats arabes unis ou le Qatar. A ce propos, il est utile de rappeler que la région du Golfe arabo-persique est aujourd'hui le premier marché mondial d'armement. Au regard des chiffres de prises de commande par région sur 2004-2008, les Proche et Moyen-Orient restent en effet les plus gros acheteurs (environ 7,7 milliards d'euros), devant les pays membres de l'UE (4,5 milliards), l'Asie du Sud (2,9 milliards, essentiellement l'Inde). Ce n'est que récemment que les pays du Conseil de coopération pour les Etats arabes du Golfe (CCG) – qui comprend l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman, le Qatar– tentent de diversifier leurs achats. Sur un autre plan, le professeur Hamoud Salhi ne partage pas le point de vue développé par certains spécialistes du Moyen-Orient selon lequel les Etats-Unis pourraient, un jour, opérer dans la région un changement d'alliance au profit de l'Iran. « Personnellement, je n'adhère pas à l'idée selon laquelle Washington cherche à favoriser l'émergence d'un croissant chiite au détriment du croissant sunnite. Sachez que les choses sont plus compliquées que cela », a fait savoir M. Salhi. A ceux qui critiquent régulièrement l'alignement des pays membres du CCG sur la politique américaine, M. Salhi a répondu que ceux-ci ne se sont pas vu offrir d'autres alternatives pour assurer leur protection. S'agissant des défis auxquels sont confrontés les pays de la région, le docteur Salhi a insisté sur le fait que les membres du CCG doivent songer, par exemple, à acquérir une plus grande autonomie dans leur prise de décision, à stabiliser les systèmes politiques et à empêcher la dissolution de leur identité.