Pas d'animaux, pas d'étrangers », des immigrés agressés la nuit du nouvel an : les comportements xénophobes se banalisent en Italie, certains évoquant même un « racisme institutionnel ». « La situation se dégrade. Tous les jours, un noir se fait tabasser. On ne peut pas continuer comme ça », explique un journaliste. Parmi les derniers exemples relevés, la nuit de la Saint-Sylvestre, un Ethiopien tabassé à Florence parce que son amie protestait contre des jets de pétards et un Egyptien frappé aux cris de « p... de merde ». Quelques jours plus tôt, c'était le Noël blanc organisé par un maire de la Ligue du Nord, parti anti-immigrés membre de la coalition de droite au pouvoir, qui défrayait la chronique. L'opération visait à recenser les étrangers de Coccaglio (3000 habitants) et à dénoncer les clandestins en préfecture. Des responsables de la Ligue du Nord ont également proposé de réserver des wagons de train ou des prestations sociales aux Italiens. « La Ligue est décidée à exploiter le sentiment d'insécurité vis-à-vis de l'immigration », commente l'éditorialiste du quotidien Corriere della Sera. « Comme (le Premier ministre) Silvio Berlusconi a besoin du soutien de la Ligue, elle peut dire tout ce qu'elle veut. » Le chef de la Ligue « Umberto Bossi a qualifié les noirs de ‘‘bingo bongo'' à plusieurs reprises », relève M. Stella, en rappelant ce film de 1982 où Adriano Celentano incarne un homme-singe. Pour Piero Soldini, responsable immigration au Cgil, le plus grand syndicat italien, tous ces propos relèvent d'un « racisme institutionnel et d'une banalisation des propos racistes » qui « produisent un racisme populaire et toléré au sein de la société ». Ainsi dans les stades, après les cris de singe saluant les joueurs noirs, des supporters de la Juventus de Turin ont traité de « Nègre de merde » l'attaquant de l'Inter de Milan Mario Balotelli, Italien d'origine ghanéenne, scandant : « Il n'y a pas de noirs italiens ». Et dans la presse paraissent tous les jours des dizaines d'offres de location à caractère xénophobe : « Pas d'animaux, pas d'étrangers » ou encore « Italiens uniquement, pas de Chinois ». Un premier procès contre le journal de petites annonces Porta Portese, qui a laissé paraître des avis excluant les personnes de couleur, est en cours à l'initiative de l'Office national anti-discrimination.