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A cause des colons israéliens, Al Khalil est une ville de non-droit pour les Palestiniens Abdelmajid Hijazi. Coordinateur de projets internationaux pour la jeunesse à Al Khalil (Cisjordanie)
Al Khalil, ville palestinienne en Cisjordanie, c'est 500 000 habitants palestiniens harcelés par 400 colons installés au centre de la vieille ville et protégés par 2000 soldats israéliens. Ces derniers jours, les tensions sont montées d'un cran. Racontez-nous. Vous savez, cela se passe tous les jours à Al Khalil, et ce, depuis plusieurs années. Le passage vers la vieille ville est obligatoire pour de nombreux habitants d'Al Khalil, et pour cause, c'est là où se trouvent la mosquée d'Ibraham pour les musulmans, mais aussi le caveau des patriarches pour les juifs. Le lieu est précieux, c'est là que sont enterrés les prophètes Ibrahim, Yacoub, Ishaq et Youcef. Récemment, une femme palestinienne voilée qui allait prier dans la mosquée a reçu un verre de vin sur son visage lancé par un colon depuis sa maison. C'est une parmi les centaines de provocations que nous recevons chaque semaine. Pourquoi les colons ne veulent pas partir d'Al Khalil ? Les colons orthodoxes israéliens l'on toujours dit : « Nous pouvons quitter Tel Aviv, mais jamais nous ne quitterons Al Khalil », à cause de l'importance religieuse du caveau des patriarches pour les juifs orthodoxes. Résultat : cette cohabitation imposée est impossible à vivre ; un même lieu de culte pour deux religions et un contexte politique qui s'envenime chaque jour. Quand tu marches sur la vieille ville, tu rencontres un colon entouré de soldats israéliens qui le protègent. Le colon a toute impunité pour te provoquer, t'insulter afin que tu réagisses et que tu te fasses embarquer par les soldats. Eux ne sont jamais inquiétés ni par les soldats israéliens ni par la justice israélienne, quand tu réussis à porter plainte. Al Khalil est une ville de non-droit pour les Palestiniens. Quel est le rôle de l'armée israélienne dans l'escalade des tensions à Al Khalil ? Vous savez, lorsque je me rends dans la vieille ville pour aller prier le vendredi à la mosquée Ibraham ou rendre visite à des amis, je dois faire face à sept check-points (barrages) en 2 kilomètres seulement. Les barrages sont tenus par de jeunes soldats israéliens d'une moyenne d'âge de 20 ans. Ils effectuent leur service national obligatoire (5 ans pour les hommes et 3 ans pour les femmes). Dès la rencontre, ils te regardent d'un air menaçant avec leurs mitraillettes M16 en bandoulière, puis ils te crient au visage « hat oda ! » (tes papiers). Ils te demandent ensuite ce que tu fais là, tu leur réponds que tu es de passage pour rendre visite à des amis et alors commence le harcèlement : tu attends 10 minutes, une heure, deux heures, souvent en recevant des insultes genre « charmoute » qu'ils prononcent en arabe pour bien se faire comprendre. Ceci c'est dans le meilleur des cas ; souvent ils te frappent sans raison, que tu sois femme, vieillard ou enfant. Pour eux, tous les Palestiniens sont identiques. Que fait l'Autorité palestinienne dans ces cas-là ? A l'époque de Yasser Arafat, les réactions étaient plus fermes, aujourd'hui l'Autorité palestinienne ne peut pas faire grand-chose. La ville est gérée par Khaled Efaily du Fatah, un homme imposé par Mahmoud Abbas, même si Al Khalil est plutôt de tendance Hamas. Le problème est juridique. Al Khalil est divisé en deux zones : H1 (Hébron 1) sous souveraineté palestinienne, et H2 (Hébron 2 qui inclut la vieille ville) sous souveraineté israélienne. Sur toute cette zone, on ne peut rien faire. Récemment, un berger qui menait son troupeau sur ses terres, près d'une colonie au nord d'Al Khalil, a été attaqué à coups de fusil par des colons. Ils voulaient l'intimider pour qu'il vende sa terre. L'homme a fini à l'hôpital et n'a rien vendu. Mais ce harcèlement violent est malheureusement routinier. Personnellement, je compte quitter la région avec ma petite famille pour ne plus vivre ce calvaire. J'en ai les moyens, ce n'est malheureusement pas le cas de tous.