C'est la fin du suspens. Le décompte de 99% des bulletins de vote, annoncé ce matin, a montré un renversement surprenant des tendances des élections législatives israéliennes de mardi. Donné au départ perdant, le Likoud, principal parti de la droite israélienne, dont le chef est le premier ministre sortant Benyamin Netannyahou, en est sorti vainqueur avec 29 sièges. L'Union de la gauche, menée par Ishaac Hertzog, que les sondages donnaient favorite à la veille du scrutin n'a finalement eu que 24 sièges. Benyamin Netannyahou qui était sous pression a cause des derniers chiffres donnés par les différents sondeurs a annoncé sa victoire au milieu de ses partisans et a promis de constituer un nouveau gouvernement dans un délai de deux à trois semaines. Son principal concurrent, Ishaac Hertzog, chef du camp de gauche et du Parti travailliste a reconnu sa défaite. Le fait marquant de ces élections est l'émergence à la troisième place de la coalition des partis arabes d'Israël avec 14 sièges. Pour former un nouveau gouvernement, Benyamin Netannyahou devra néanmoins composer avec le reste des partis de la droite israélienne, les partis du centre ainsi que les partis religieux. Pour contrôler le parlement, il disposer d'une coalition disposant plus de 61 sièges. La mission lui sera facile selon les observateurs. Benyamin Netannyahou occupe le poste de premier ministre depuis six ans. Netannyahou a exprimé sa joie à travers un tweet dans lequel il fait un pied de nez à ses rivaux. «Contre toute attente : une belle victoire pour le Likoud et une immense victoire pour le peuple d'Israël », a-t-il écrit. Beaucoup d'observateurs expliquent le revirement de situation et la victoire finale de Netannyahou et du Likoud par son discours de dernière minute dans lequel il a viré à fond vers l'extrême droite. Il avait notamment déclaré « être contre l'établissement d'un Etat palestinien, contre la restitution aux palestiniens de la ville sainte d'El Qods, (Jérusalem-Est) occupée et annexée par Israël en 1967 et contre tout retrait des territoires palestiniens occupés. Netannyahou a ainsi mis fin à tout espoir d'une solution négociée du conflit israélo-palestinien.
Confrontations à l'horizon
Si dans la rue palestinienne, les élections israéliennes et leurs résultats n'ont pas suscité d'intérêt particulier, par contre au niveau de leur direction, des réactions fortes ont été enregistrées. Saeb Erekat, membre du comite exécutif de l'OLP et négociateur palestinien en chef, a déclaré la diffusion des premières informations donnant Netannyahou vainqueur : « Nous intensifierons nos efforts diplomatiques à la cour pénale internationale de La Haye pour juger les dirigeants d'Israël ». « Il est clair que Netannyahou va former le prochain gouvernement. Nous nous dirigerons vers la cour pénale internationale dès la parution des résultats définitifs », a ajoute Erekat dans une déclaration au journal israélien Yediot Ahronot. Le porte-parole de la présidence Nabil Abou Roudeina s'est contenté pour sa part de réitérer la position du président palestinien Mahmoud Abbas. Il a déclaré : « Nous ne sommes pas concernés par celui qui sera chef du gouvernement en Israël. Ce que nous voulons de tout gouvernement est la reconnaissance de la solution à deux Etats et d'El Qods (Jérusalem-Est) comme capitale de l'Etat palestinien». «Sur cette base nous continuerons à oeuvrer avec n'importe quel gouvernement israélien qui s'engage à respecter les résolutions et la légitimité internationales », a ajoute le porte-parole de la présidence. Abou Roudeina a affirmé en outre que cette position représente celle des Arabes. « Sans un Etat palestinien avec El Qods comme capitale, il n y aura aucune chance pour le processus de paix » a-t-il martelé. Le Mouvement Hamas qui garde toujours le contrôle de la bande de Ghaza, malgré la mise en place d'un gouvernement d'entente nationale, considère «qu'il n y a aucune différence entre le Likoud et le parti travailliste, ni entre la droite et la gauche ». Ismail Redouane, un de ses responsables, estime que les résultats de ces élections montrent que la société israélienne tend vers plus d'extrémisme et de terrorisme. Il a appelé la direction palestinienne à ne plus penser aux négociations, d'arrêter la coordination sécuritaire et d'oeuvrer au renforcement de la maison palestinienne. Sur le plan de la sécurité, en Cisjordanie occupée, la situation peut rapidement se détériorer dans le cas où l'Autorité palestinienne met en oeuvre la récente décision du conseil central de l'organisation de libération de la Palestine mentionnant l'arrêt de la coordination sécuritaire avec l'Etat hébreu. Dans la bande de Ghaza, au cas où le blocus israélien devait perdurer au point de retarder la reconstruction et étouffer la vie économique, une nouvelle confrontation entre les factions palestiniennes armées et l'armée d'occupation israélienne sera, probablement aussi, inévitable.