Les menaces du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, lancées au cours de la réunion hebdomadaire de son cabinet, dimanche matin, par lesquelles il promet de « riposter immédiatement et puissamment » à tout nouveau tir de roquettes provenant de la bande de Ghaza, ont été traduites le même jour par l'assassinat de cinq Palestiniens. Ghaza. De notre correspondant Deux d'entre eux, des civils, blessés par des tirs israéliens dans l'enceinte de l'ancienne colonie Doughit, au nord de la bande de Ghaza, ont perdu la vie faute d'avoir pu être secourus à temps. Pendant près de trois heures, l'armée israélienne a empêché les équipes médicales de les évacuer, jusqu'à ce qu'ils se soient vidés de leur sang. En début de soirée, à l'est du camp de réfugiés de Maghazi, au centre de l'enclave palestinienne, trois résistants du Djihad islamique ont été tués et un autre a été gravement blessé par un tir de roquette air-sol. Des sources médicales palestiniennes ont affirmé que trois jeunes résistants dont les corps étaient déchiquetés, ont été amenés dimanche soir à l'hôpital Chouhada El Aqsa, à Deir El Balah. La semaine passée, Israël avait intensifié ses frappes dans la bande de Ghaza, tuant et blessant plusieurs Palestiniens, espérant provoquer les factions armées et les pousser à reprendre les tirs de roquettes contre son territoire, à l'arrêt depuis un an environ, ce qui constituerait un prétexte valable au lancement de l'opération « Plomb durci n°2 » dont parlent les médias israéliens. Cette nouvelle agression qui, selon les mêmes médias, s'étalera sur une semaine seulement, sera plus féroce que celle de l'hiver dernier qui a duré 22 jours et fait 1450 tués et plus de 5000 blessés parmi les Palestiniens, en majorité des civils, aura pour but final de réoccuper l'ensemble de la bande de Ghaza. Des responsables militaires israéliens ont déclaré que le lancement de « Plomb durci n°2 » est une question de temps. L'Autorité palestinienne a dénoncé l'attitude de Netanyahou et de son gouvernement de droite et d'extrême droite. Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence, a déclaré dans un communiqué publié dimanche soir que les menaces de Netanyahou impliquent une grave escalade qui a débuté depuis longtemps. « Israël veut tergiverser, ne veut pas entrer dans des négociations de paix sérieuses et tente de tromper la communauté internationale en lui faisant croire que c'est l'Autorité palestinienne qui ne veut pas cela », a ajouté Abou Roudeina. Les menaces de Netanyahou Devant ses ministres, Benyamin Netanyahu ne s'est pas contenté de menacer Ghaza, mais s'en est pris aussi à la direction de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, qu'il a accusée d'inciter à la haine et d'œuvrer contre la paix pour avoir donné le nom de Dallal El Moughrabi à une place de la ville d'El Bireh, près de Ramallah, en Cisjordanie occupée. Dallal El Moughrabi était une militante du mouvement nationaliste Fatah, tombée au cours d'une opération armée en 1978, en plein territoire israélien. Quant à Salam Fayad, Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Israël lui en veut pour s'être rendu au domicile des trois militants des Brigades des martyrs d'El Aqsa assassinés récemment de sang-froid par les forces spéciales israéliennes dans la ville palestinienne de Naplouse, en Cisjordanie occupée, pour compatir avec leurs familles et leur présenter ses condoléances. Pour l'Etat hébreu et Netanyahu, cet acte humanitaire est synonyme d'incitation à la haine et de soutien au terrorisme. L'Autorité palestinienne, malgré les pressions des Etats-Unis surtout, refuse toujours de reprendre les négociations avec Israël tant qu'il n'a pas gelé totalement la colonisation en Cisjordanie occupée et dans la ville sainte d'El Qods occupée et annexée par Israël en 1967. Des pressions financières sur l'état Hébreu Les déclarations de l'émissaire américain George Mitchell, évoquant l'éventualité de pressions financières sur l'Etat hébreu pour l'inciter à faire des concessions, semble être derrière cette attaque virulente de Netanyahou contre le président de l'Autorité palestinienne, qu'il accuse de paralyser le processus de paix. La semaine dernière, l'émissaire spécial pour le Proche-Orient, George Mitchell, a en effet évoqué la possibilité par les Etats-Unis de retirer leur soutien aux garanties de prêt à Israël, un système de garanties grâce auquel l'Etat hébreu a bénéficié de milliards de dollars de prêts à des taux préférentiels. Pour toutes ces raisons et parce que Netanyahou et son gouvernement se sentent sous pression de la communauté internationale, ses menaces contre la bande de Ghaza doivent être prises au sérieux. Une nouvelle guerre dans l'enclave palestinienne pourrait constituer une sorte d'échappatoire, même si elle semble momentanée. En Cisjordanie occupée, par des actes tels ceux qui ont conduit à l'assassinat de militants du Fatah devant leurs familles, Netanyahou pourrait tenter de continuer à embarrasser le président Abbas et l'Autorité palestinienne en les présentant devant leur peuple comme faible et incapable de le protéger. Là aussi, le Premier ministre israélien espère un retour à la violence des Palestiniens, par le biais d'une nouvelle intifadha qu'il préfère armée, pour pouvoir taxer l'Autorité palestinienne de terroriste, comme l'a fait Sharon du temps de Yasser Arafat, et de ne plus rendre de compte à personne. Abbas serait présenté à la communauté internationale comme partenaire non valable pour la poursuite du processus de paix et le tour serait joué. Aux Palestiniens de ne pas tomber dans ce piège. Ils en ont les moyens, à condition d'aller en premier lieu à la réconciliation car leur division est actuellement l'arme la plus redoutable qu'utilise l'Etat hébreu contre eux.