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« En une année, l'effectif du GSPC est passé de 250 à près d'un millier d'hommes armés »
Hama Ag Sid Ahmed. Porte-parole des Touareg du nord du Mali
Publié dans El Watan le 14 - 01 - 2010

Après cinq jours d'une rencontre qui a permis d'aplanir les divergences, le porte-parole de l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC), mouvement des Touareg du nord du Mali, Hama Ag Sid Ahmed, accepte de faire le bilan. Dans l'entretien qu'il nous accorde, il dresse un constat alarmant de la situation dans la région de Kidal où, selon lui, le GSPC a renforcé ses rangs, dont l'effectif est passé en une année de 250 à plus de 800 terroristes.
Deux ans et demi après la signature de l'accord d'Alger, mettant fin à la rébellion au nord du Mali, tout semble remis en cause. Pourquoi selon vous ?
D'abord, il y a ce grand écart qui sépare les représentants du mouvement des Touareg à l'Etat malien parce que la population avait cru au retour de la paix qui, pour elle, veut dire développement à travers la construction de centres de santé, d'écoles, de puits, de routes, enfin d'infrastructures qui correspondent à son environnement. Mais, depuis une année, elle constate que c'est l'inverse qui se passe. La situation ne fait que se détériorer et les responsables qui font les déplacements entre Kidal et Bamako n'ont jamais apporté de réponse concrète. Cette absence de l'Etat malien sur le terrain pourrait-elle s'expliquer par le manque de moyens ou de volonté ? Le problème n'est pas lié au manque de moyens mais à celui d'absence de volonté. Lorsque le pacte national a été signé, il a été suivi par de nombreux actes sur le terrain, ce qui n'est pas le cas pour l'accord d'Alger. A ce jour, rien n'a été réalisé. Il est facile de trouver les moyens. Les partenaires du Mali sont disponibles à débloquer les fonds nécessaires, mais une fois qu'ils constateront qu'il y a une volonté de la part de l'Etat à mettre en place des structures à même de prendre en charge les besoins de la population exprimés dans le cadre de l'accord d'Alger. Cependant, ces partenaires se méfient. En dépit des sommes colossales qu'ils ont avancé pour le développement du Nord, la région reste déshéritée. Ils ont du mal à comprendre où leur argent a été dépensé. Aujourd'hui, il faut recréer la confiance, non seulement avec les partenaires mais aussi avec les co-signataires de l'accord. La commission de développement prévue dans ce cadre, est en panne, ce qui fait qu'aucun projet n'a été exécuté. Plus grave, c'est tout l'accord qui est en panne, avec pour conséquence, l'élargissement du fossé qui sépare la population touareg du pouvoir central. Le sentiment d'abandon et de frustration s'est généralisé, notamment chez les jeunes…
Vous voulez dire qu'il y a une volonté délibérée de pousser ces jeunes vers la drogue, la contrebande ou le terrorisme ?
L'espoir nourri par le soulèvement de milliers de jeunes pour une vie meilleure s'est vite dissipé dès que les armes se sont tues et l'accord signé. Je ne sais pas s'il s'agit d'une fuite en avant ou d'une remise en cause des engagements. En fait, nous ne savons pas si c'est le président malien qui ne veut pas résoudre la crise au Nord, ou c'est son entourage qui l'informe mal sur la situation. Pour nous, il est clair qu'il y a une volonté préméditée de pousser ces jeunes vers la drogue, la contrebande ou le terrorisme. L'accord a été signé en 2006 et depuis, rien de sérieux n'a été fait sur le terrain pour permettre de dire qu'il y a une volonté d'agir de l'autre côté. Qu'a-t-on laissé, ou donné à cette jeunesse ? On a créé une situation pour les amener à détruire leur propre région ou à rejoindre l'AQMI (Al Qaîda pour le Maghreb islamique). J'avais dit aux jeunes combattants sur le terrain : « Faites attention, la politique de certains c'est de vous détruire. Vous avez un objectif, qui est l'accord d'Alger, il faut rester lucide pour continuer à le réclamer haut et fort, car il y va de votre dignité. Il ne faut pas vous embarquer dans ce qui a été créé pour vous détruire. »
Comment la population fait-elle face à cette situation chaotique, marquée par la sécheresse et le terrorisme d'un côté, et de l'autre le déni d'existence ?
C'est une région qui a traversé des moments douloureux. Elle a connu la sécheresse de 1973 à1974, ensuite celle de 1984 à 1985 et le soulèvement de 1990. Tous les gouvernements qui se sont succédé, depuis Modibo Keita jusqu'au général Moussa Traoré, ont utilisé des armes politiques pour détruire la communauté touarègue. La détruire physiquement en maintenant le black-out sur l'information. Lorsque l'Etat n'a pas les moyens de faire face aux éleveurs qui perdent leur cheptel, ne trouvent pas de quoi nourrir leur famille, ni de quoi étancher leur soif, et encore moins de soigner les malades, notamment parmi les enfants, les femmes et les personnes âgées, touchés par des épidémies, il fait appel à l'aide de la communauté internationale. Cela n'a jamais été le cas. Des milliers de personnes sont mortes durant ces dures épreuves dans l'anonymat le plus absolu. Les gouvernements ont de tout temps coupé cette région du monde.
Aujourd'hui, l'Etat dont la présence doit se refléter par des investissements en matière d'infrastructures de base, par une écoute de sa population, une prise en charge de ses préoccupations, est totalement absent. Tout a été fait pour creuser un fossé de plus en plus large entre lui et la population. Ce qui explique ce sentiment de rejet de tout ce qui incarne l'Etat, nourri par les touareg. Nous voulons attirer l'attention de la communauté internationale sur cette crise humanitaire engendrée par la sécheresse et casser le black-out qui étouffe notre région. L'accord d'Alger a pris en compte tous ces points et aurait pu réduire sensiblement la distance qui sépare Kidal de Bamako et faire naître chez les touareg, le sentiment d'être des citoyens à part entière. Cet accord a prévu une commission de sécurité, qui aurait pu ramener la stabilité dans la région et de ce fait attirer les investissements à Kidal. Malheureusement, cela n'a pas été le cas parce que l'Etat a failli à ses engagements. Ce vide a permis l'installation progressive des groupes terroristes qui, aujourd'hui, représentent près d'un millier d'hommes puissamment armés…
Ce qui veut dire qu'ils ont triplé leurs effectifs en l'espace de deux ans ?
Je dis bien près d'un millier d'hommes. Ils sont près de huit cents éléments. Ce qui n'était pas le cas, il y a un an où la situation était très différente. D'où viennent-ils ? Où ont-ils été recrutés ? Comment sont-ils arrivés dans cette région ? Ce sont des préoccupations majeures qui vont déstabiliser la région si rien n'est fait pour arrêter cette déferlante…
Ne pensez-vous pas que ce sentiment d'abandon et de désespoir puisse pousser certains jeunes de la région à prendre les armes ?
Il y a plusieurs formes d'armes ou de lutte. Pour l'instant, la lutte est concentrée sur la mise en application de ce cadre légal, qui est l'accord d'Alger, et qui reste bloqué par l'Etat malien. En fait, l'Algérie qui est co-signataire, doit assumer ses responsabilités, parce que c'est elle qui nous a poussé à venir à la table des négociations et à accepter le dépôt des armes. Si ce n'était pas l'Algérie, il n'y aurait pas d'accord et le soulèvement serait toujours en cours. De ce fait, il faut qu'elle fasse pression sur l'Etat malien afin qu'il honore ses engagements. Elle a tous les moyens nécessaires pour aboutir à la concrétisation de l'accord. C'est cette opportunité légale qui va nous ramener la paix sans recourir aux armes. Aucun pays ne souhaiterait que cette région soit encore une fois déstabilisée, et encore plus l'Algérie, parce qu'il s'agit d'assurer la sécurité à sa frontière. La panne de l'accord n'est pas dû à l'absence d'interlocuteurs, puisque nous avons exprimé notre volonté à ouvrir le dialogue, mais plutôt à une défaillance délibérée de l'Etat malien.
Certains médias maliens affirment que l'Alliance n'est représentative ni dans la région de Kidal ni des Touareg du Nord. Qu'avez-vous à répondre ?
Ce n'est pas nouveau pour nous. D'abord, il faut savoir que dans tous les mouvements de soulèvement, c'est toujours un petit noyau de 5 à 10 éléments qui commence la lutte dans la clandestinité. Ensuite, il y a des contacts avec un autre groupe composé de personnes de confiance et c'est ainsi que le mouvement se forme, avec comme base commune la volonté de lutter pour un changement. Les acquis de ce soulèvement vont profiter à toute la population mais jamais à ceux qui l'ont provoqué et conduit. Même ceux parmi les touareg du Nord qui ne sont pas d'accord avec la rébellion, savent au fond que la cause défendue est juste. Ceux qui ont pris part aux travaux de la conférence, sont ceux-là mêmes qui ont négocié et signé l'accord d'Alger avec l'Etat malien, donc ils ne peuvent pas être du jour au lendemain non représentatifs.
Qu'apporte cette conférence à la région de Kidal ? Est-ce uniquement une tribune pour aplanir les divergences au sein de l'Alliance ou le début de la fin de cette formation née dans la douleur du soulèvement populaire ?
Si on revient un peu en arrière, durant les deux ans qui ont suivi l'accord de juillet 2006, il y a eu un temps mort où rien ne s'est passé. A Bamako, on pensait régler le problème de l'intérieur et d'autres y ont cru. Ils avaient accepté de revenir en espérant mieux avancer. Mais l'Etat a tourné le dos à tout le monde. Je pense sincèrement que la conférence d'Alger est une grande réussite. Nous avons pu réactiver les autorités algériennes pour qu'elles s'impliquent et ramener le Mali à revenir à l'accord d'Alger…
Est-ce qu'il y a une disponibilité d'Alger pour faire en sorte que le Mali respecte ses engagements ?
Au mois de novembre dernier, nous étions venus vers l'Algérie pour la solliciter en tant que médiateur. Nous lui avions fait état de la dégradation inquiétante de la situation au Nord, région limitrophe de sa frontière sud. Nous lui avons demandé d'intervenir rapidement pour faire avancer les choses. De notre côté, il y avait une grande disponibilité de se réunir en Algérie pour mettre en avant nos difficultés. L'Algérie nous a accueillis pour tenir notre conférence dans de bonnes conditions. Les points débattus sont essentiels et constituent la préoccupation de tout le monde. Nous avons fait le bilan de l'accord d'Alger et constaté qu'il faut mettre en place des interlocuteurs habilités à discuter avec les autorités algériennes, maliennes et d'autres pays, en tenant compte ce qui se passe sur le terrain. A ce titre, un comité de crise a été mis en place et la tenue d'un congrès prévu en mars prochain à Tigharghar a été retenue.
Avez-vous senti chez le gouvernement malien une quelconque volonté de revenir au dialogue  ?
Si nous sommes là, c'est pour interpeller le gouvernement malien et lui dire que de notre côté, il y a une disponibilité pour faire le point et avancer dans l'esprit de l'accord d'Alger. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement rejetterait un accord qu'il a lui-même signé. Si jamais il ne souhaite pas discuter ou revenir à cet accord, c'est à la facilitation de donner suite. Que veulent les autorités maliennes et où veulent-elles nous pousser ? Je pense que personne n'a intérêt à ce qu'une partie ou une autre rejette le dialogue. La région est aujourd'hui observée à la loupe et les gestes de tous sont épiés…
N'est-elle pas en train de se transformer en un nid des services de renseignement de nombreuses puissances du fait des activités terroristes ?
Je ne dirais pas que c'est un nid, mais plutôt un centre d'intérêt. Elle est observée avec une loupe à cause de la grande insécurité qui y règne. Pourquoi  ? Parce qu'il y a régulièrement des kidnappings visant uniquement les Européens. Ces derniers sont devenus un produit qu'il faut vendre pour renforcer la présence des terroristes dans la région. Alors, les gens sont étonnés de voir que ces enlèvements ne visent que les Occidentaux. Ils se posent des questions sur l'identité des auteurs, leur motivation et leurs objectifs. C'est pour cela qu'ils ont besoin d'avoir un regard, de s'impliquer et d'essayer de comprendre ce qui se passe. Viendra le jour où cette région ne nous appartiendra plus. Nous avons le sentiment que tout est fait pour arriver à cette situation.
Comment expliquer que les Touareg, connus pour leur opposition aux terroristes salafistes, puissent laisser ces derniers occuper leur territoire ?
Prenons l'exemple de la région d'Adrar des Iforas. Avant la rébellion de 1990, ce sont les notables qui prenaient en charge tous les aspects sécuritaires et de réconciliation. Ils maîtrisaient la situation. La rébellion touaregue avait aussi la maîtrise de la situation, que ce soit avant ou après la signature du pacte national. Durant cette période, il était très difficile de s'installer dans la région sans l'autorisation des Touareg. Mais ces derniers ont été retirés du terrain, privés de leur pouvoir et de leurs outils militaires. D'acteurs, ils sont devenus des observateurs. Les Touareg ont de tout temps voulu chasser les terroristes de la région, mais l'officier de l'armée les a empêchés d'agir en leur disant : « Ces affaires ne vous concernent pas. Vous êtes des citoyens, vous restez loin. Les terroristes, c'est nous qui les attrapons. Nous sommes là pour ça et si vous jouez aux gendarmes, nous allons vous arrêter. » C'est comme cela que l'armée malienne réagit à chaque fois que les Touareg tentent de poursuivre les salafistes. Les unités spéciales de sécurité prévues par l'accord d'Alger et dont feraient partie les Touareg est un outil adéquat de lutte contre le terrorisme. Une fois la population impliquée, elle sera responsable de la situation. Pour l'instant, elle ne fait que la subir, beaucoup plus que les autres…
A la veille de la conférence, vous avez annoncé la présence de Brahim Ag Bahanga, fondateur de l'Alliance et un des acteurs de la rébellion, mais il n'est pas venu. Peut-on savoir pourquoi ?
Il devait venir et y assister aux travaux. Mais des imprévus l'ont retenu. Sachez que Brahim est l'initiateur de la rencontre d'Alger. Il a pris part aux réunions de préparation tenues du 22 au 25 novembre 2009. Tout ce qui a été entrepris du début jusqu'à la fin de la conférence a été fait en concertation avec Brahim. Mais il viendra à Alger. C'est une question de temps. Ce qui est certain, c'est qu'il arrivera avant notre départ d'Alger…


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