A Ouled Bedroh, une localité à vocation agropastorale, située à quelques kilomètres à peine au sud de la commune de Bazer Sakhra, près de 3 000 habitants oubliés vivent dans une sorte de réserve enclavée, coupée du monde en raison de l'état lamentable de l'unique route les liant au chef-lieu de commune qu'ils sont obligés de prendre quotidiennement, à pied dans la majeure partie des cas. Les automobilistes ne veulent pas s'y aventurer au risque de rester sur place, même les camions et les véhicules tout terrain hésitent à l'emprunter. Chose très grave : les enfants ne peuvent plus suivre leur scolarité régulièrement toujours à cause de l'état de cette route, sachant qu'ils doivent parcourir tout le chemin à pied. De ce fait, le taux de déperdition scolaire est des plus élevés dans la région ; il touche surtout les filles qui, faute de moyen de transport, ne veulent plus se rendre à l'école, et les parents sont impuissants devant une telle situation. En plus des crevasses, les nids-de-poule et toutes sortes de pierres caractérisent cette route, devenue avec le temps un véritable cauchemar pour cette localité en raison des conséquences néfastes pour le développement de cette dernière. Certains habitants, rencontrés sur les lieux, voudraient que leur grande mechta soit enfin reliée à la RN75, Sétif-Batna, qui leur permettra de sortir de l'isolement. Pour eux, la route passe en priorité, avant même le gaz et l'eau. L'ouverture de celle-ci dégagera sûrement pour eux de grandes perspectives, eu égard aux atouts dont dispose leur localité, notamment en matière d'élevage et d'agriculture. Une femme d'âge moyen nous dira avec amertume : « On nous a toujours promis de refaire cette route, malheureusement rien n'a été entrepris depuis plus d'une décennie ; à Ouled Bedroh, on ne peu plus vivre de promesses car il y va de l'avenir de nos enfants qui ne peuvent plus suivre leur scolarité, un sentiment de frustration partagé par l'ensemble des habitants de cette localité oubliée. »