Des dizaines de médecins en blouse blanche, venus de différentes wilayas du pays, ont manifesté, hier, dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha Pacha, à Alger. Organisé par le Syndicat national des praticiens spécialistes (Snpssp) et celui des médecins généralistes (Snpsp), le sit-in a été l'occasion pour les grévistes d'exprimer leur colère face à ce qu'ils appellent le « mépris » des pouvoirs publics. Une pancarte brandie par l'un des délégués résume l'état d'esprit des médecins grévistes : « Nous ne sommes pas des chiens à affamer, Dr Barkat ! N'oubliez pas que nous sommes consœurs et confrères. Ce ne sont pas les ponctions sur salaires qui vont nous mettre à genoux. » Les récentes déclarations du ministre de la Santé semblent avoir attisé la colère des médecins. « Il dit que nous sommes des voyous, que nous empêchons les gens de se faire vacciner contre la grippe et que nous n'avons pas de conscience. Tout cela est faux, nous nous battons pour préserver le secteur public », lance un médecin protestataire. Le représentant du Snpssp, le Dr Yousfi, souligne que les médecins affiliés à son syndicat sont décidés à aller jusqu'au bout de leur mouvement de protestation. « Les spécialistes praticiens sont en rassemblement pour dénoncer le mépris et défendre la santé publique. Quels que soient les moyens utilisés pour casser notre mouvement, rien ne nous fera reculer. Les ponctions sur salaires et les déclarations insultantes n'atteindront pas notre détermination. Si M. Barkat pense que notre dignité vaut une année de salaire, il se trompe », déclare-t-il. Et d'enchaîner : « En plein terrorisme, les médecins n'ont pas quitté leurs postes. La santé publique est en train d'être mise à mort. Ce rassemblement est destiné à alerter l'opinion publique quant au désastre qui régit le secteur de la santé. » Le chef de file des médecins spécialistes souligne que son syndicat n'a pas eu d'écho concernant la commission parlementaire qui devait plancher sur leur dossier. De son côté, le représentant des praticiens généralistes (Snpsp), le Dr Lyès Merabet, s'interroge sur les comportements « ambivalents » des membres du gouvernement. « Le ministre du Travail, Tayeb Louh, a toujours opposé une fin de non-recevoir à nos demandes d'audience. Mais on l'a vu réagir au quart de tour pour dénouer la crise de la Snvi. Nous sommes, évidemment, très contents et solidaires avec les travailleurs de Rouiba, mais nous nous interrogeons sur cette manière de faire les choses. Cette ambivalence qui nous laisse perplexes », s'exclame-t-il. Il estime que si les pouvoirs publics poursuivent cette politique, le secteur de la santé publique est condamné à un « échec programmé ». Les revendications des syndicalistes de santé publique tournent autour de l'ouverture du dialogue pour l'élaboration des régimes indemnitaires, le réaménagement des horaires de travail ainsi que le droit de bénéficier de la cessibilité du logement au même titre que d'autres fonctionnaires. Cela fait déjà plusieurs semaines que le secteur de la santé s'enlise dans la grève.