Face au mépris et à l'indifférence des pouvoirs publics, les syndicats des praticiens et spécialistes de santé publique menacent d'occuper la rue, à l'instar des travailleurs de la SNVI qui ont observé une forte mobilisation ces derniers jours. Les deux organisations syndicales se penchent sérieusement sur la concrétisation du projet relatif à la création d'une confédération, unique alternative pour constituer une force sur le plan syndical. Les 30 000 praticiens de santé publique concernés par ce mouvement de grève initié, il y a quelques semaines, par le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) en ont le ras-le-bol des insultes et du comportement ambivalent de leur ministre de tutelle. « Barkat nous a traités de voyous, de chiens à affamer, de moins que rien, alors que nous sommes l'élite de ce pays. Nous soignons les Algériens qui n'ont pas une autre patrie d'échange, nous nous occupons des malades qui ne vont pas en Suisse pour se faire soigner », a fulminé Dr Merabet, porte-parole du SNPSP lors d'une conférence de presse animée à Alger. Ce dernier a qualifié d'exécrable la situation dans laquelle se trouve actuellement le secteur public de santé. « Des enveloppes conséquentes ont été octroyées à ce secteur, il y a eu des dépenses importantes pour l'achat d'équipements, de matériels mais l'essentiel a été occulté. L'élément humain n'a pas été pris en charge », a pesté le docteur Merabet, qui s'interroge sur le silence des pouvoirs publics par rapport à cet échec. Les deux syndicats ont interpellé tout le monde, y compris le président de la République, malheureusement, personne n'a daigné les écouter alors qu'il y a péril en la demeure. Ces praticiens, selon leur propos, ne luttent pas uniquement pour l'amélioration de leur salaire, mais mènent un combat pour la réhabilitation du secteur public de santé. Un secteur dont les pouvoirs publics ont programmé la mise à mort. D'aucuns estiment que le secteur de la santé est géré de manière archaïque, la plupart des décisions émanent d'en « haut » d'où la quasi-impossibilité de les appliquer sur le terrain. « Lorsque des responsables en haut lieu, ignorant complètement la situation du secteur et de surcroît n'ont rien à avoir avec la santé, décident à la place des concernés et dictent leur loi, on ne peut qu'arriver à cette situation chaotique », lancent les conférenciers. Gestion archaïque du secteur de la santé Les deux syndicats n'ont pas également ménagé leurs collègues de la même famille qui n'ont pas bougé le petit doigt pour les soutenir ou réagir par rapport à ce chaos. « Les praticiens, les spécialistes et les paramédicaux sont les représentants incontournables du secteur de la santé. La preuve : les pouvoirs publics veulent casser la santé publique et certains syndicats, qui disent défendre ce secteur, ne se sont pas manifestés », a affirmé Dr Youcefi, qui est persuadé que les pouvoirs publics veulent mettre à genoux le secteur public de santé au profit du secteur privé. « Où va le secteur public de santé ? Que veut-on faire ? », se sont interrogés les deux syndicalistes. Près de 10 000 praticiens ont quitté le pays et se sont installés en France, d'autres ont abandonné le secteur public et sont partis vers le privé. « Ce sont là les conséquences d'une gestion archaïque. Nous ne sommes pas dans un système qui fonctionne normalement. L'amélioration de notre fiche de paie ne va pas nous rendre riche, elle va seulement améliorer notre quotidien, mais nous, nous luttons pour que le citoyen soit mieux pris en charge », observe Dr Merabet. Les deux syndicats ont opté pour le maintien de la grève et l'organisation d'un sit-in, mercredi prochain, non pas devant la Présidence comme prévu, mais dans l'enceinte du CHU Mustapha Pacha et des rassemblements similaires seront organisés au niveau des régions. « Nous avons programmé un sit-in devant la Présidence, nous l'avons reporté en raison de notre réunion avec la commission santé de l'APN », a affirmé le docteur Youcefi, en soulignant que la grève a été une totale réussite puisqu'elle a été suivie par l'écrasante majorité des praticiens. S'agissant de la question de fédérer les syndicats, les animateurs de ce débrayage sont convaincus que pour faire face à un appareil répressif avec une administration asservie qui veut à tout prix casser les syndicats autonomes, la fédération des syndicats autonomes s'impose, seulement il faut au préalable assainir la situation à tous les niveaux afin de se prémunir des imprévus. « Nous avons une charte consignée entre le SNPSP et le SNPSSP. Il faut nous préparer et aller graduellement. Il faudrait qu'il y ait des fédérations dans chaque secteur avant de mettre en place une confédération. Nous devons unifier nos rangs pour constituer un bloc », ont soutenu les syndicalistes qui comptent utiliser tous les moyens pour porter haut leur combat.