Quel regard porte le touriste sur une ville quand il la visite pour la première fois ? Sans doute que ce qui l'intéresse de prime abord c'est l'urbanisme et l'architecture de la cité. Ensuite, son regard s'attarde sur tout ce qui manque d'harmonie ou tranche avec le bon usage. Du coup, dans la tête du visiteur averti se font jour des jugements et des appréciations. Soit, il s'attache à la beauté de cette ville, soit il s'en détache pour ne plus la visiter. A la faveur des programmes de construction pour freiner la crise du logement, des cités sont érigées ici et là, parfois rognant des terres agricoles. Ain Beida n'en fait pas exception, ayant connu elle aussi une extension urbaine sans précédent. Seulement cela s'est fait au détriment d'un développement harmonieux, celui-là même qui allie esthétique et urbanité. Ville jeune (elle a moins de deux siècles d'existence), la ville d'Aïn Beida a subi et subit encore une dégradation effarante de son cadre de vie du fait d'une urbanisation exponentielle, presqu'irréfléchie et réalisée dans la précipitation. Convenons que durant les années 60 et 70, le pays n'avait pas sous la main des urbanistes et des paysagistes à même d'élaborer des plans pour les nouveaux quartiers. Incohérences urbaines «Au-delà du damier romain érigé au tout début du 19ème siècle authentique damier, car les rues de l'intérieur, tracées au cordeau, sont délimitées par quatre boulevards, la ville en se développant aux quatre coins cardinaux a perdu le nord, nous lance avec une pointe d'humour un vieil instituteur.» Cela est vrai d'autant plus que dans les nouveaux quartiers, certaines rues sont tortueuses, les maisons sans alignement. Cela se remarque particulièrement dans la cité Essalam qui a pris naissance sans aucune forme urbanistique, car , au départ c'était un quartier créé à la faveur de la nuit. Il portait par ailleurs le nom de «village ellil». La municipalité d'alors ne s'était pas opposée à l'instauration d'un tel désastre. Aujourd'hui, les autorités essayent d'y remédier en apportant des correctifs, permettant aux habitants d'améliorer leurs logis. D'autres erreurs ont été commises, car personne ne prévoyait que l'extension de la ville allait se faire d'abord avec l'accroissement de la population et ensuite avec la quête de nouveaux lotissements à bâtir. Présentement, la présence des docks silos au milieu d'un quartier urbain sont devenus source de désagréments pour les habitants. A l'ouest de la ville, le centre d'enfûtage de gaz butane, construit pendant les années 70, constitue de par sa proximité avec les habitations un danger latent. Il a été même question de le délocaliser vers un autre site plus approprié et suffisamment loin des cités d'habitations. Au nord, une ligne électrifiée (moyenne tension) traverse plusieurs quartiers. Son transfert dépend de la volonté des édiles de la commune. D'autres incohérences ou «incongruités» enlaidissent le visage de la ville, comme la construction d'une bibliothèque sur une partie d'un trottoir, ou l'institut islamique dans un trou et hors de vue, ou encore cette polyclinique sur le lit d'un cours d'eau. Côté cadre de vie, il n'y a pas de quoi pavoiser ! Les rares espaces publics ne payent pas de mine, s'ils ne sont pas carrément abandonnés à leur sort. Les rues sont truffées de nids de poule, alors que les ralentisseurs sont installés dans un désordre incomparable. Il y'en a même qui sont faits avec du béton! Les quatre marchés de proximité, promis de longue date pour éliminer le commerce informel et rapprocher le citoyen des espaces du commerciaux, n'ont pas vu le jour jusqu'à ce jour.