Quelque vingt-six communications traitant de l'utilisation médiatique de la langue berbère ont été regroupées dans ce recueil fort intéressant. Organisé à la maison de la Culture d'Azzazga (Tizi Ouzou) du 7 au 9 juin 2014 sous la direction du sociologue des médias et professeur à l'Ecole de journalisme d'Alger, Belkacem Mostafoui, le colloque a réuni des professionnels des médias et des chercheurs autour de la question de la communication, des langues et langages amazighs. Directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de Tamazight (CNPLET), Abderezak Dourari s'est intéressé dans sa communication aux contraintes auxquelles se heurte Tamazight. Evoquant un «paradoxe statuaire», M. Dourari est catégorique : «La politique linguistique nationale est inspirée par une perception monolingue du champ social algérien». Militant berbériste au long cours et chercheur en linguistique amazighe, le docteur Mouloud Lounaouci a fait le point sur les langues en présence en Algérie et sur le statut particulier de Tamazight «vécu comme facteur de division». Citant les lois sur l'information (n°90-07 du 20 avril 1991 et celle de 2012, n°12-05), l'auteur affirme que «comme pour l'enseignement de la langue amazighe dispensé à doses homéopathiques, la presse n'aura pas non plus le droit aux égards logistiquement dus à son statut de langue nationale». Mohamed Bensalah, cinéaste et connaisseur des médias, s'est attaché, lui, à décortiquer les mutations du paysage audiovisuel algérien à travers, particulièrement, la loi sur l'activité audiovisuelle. Cherif Dris, enseignant à l'Ensjsi, et chercheur-associé à l'Iremam (Aix-en-Provence, France), s'est efforcé dans sa contribution fort utile de retracer le processus de «promotion médiatique de la culture amazighe». Selon M. Dris, par ailleurs auteur de contributions d'un grand intérêt publiées dans L'Année du Maghreb, «la consolidation juridique et réglementaire de la langue amazighe, en dépit des ouvertures opérées ces dernières années dans les médias, reste timide». «Ce n'est qu'à la faveur de la promulgation de la dernière loi sur l'audiovisuel que la référence aux deux langues a été explicite. L'Etat algérien, comme le soutient Salem Chaker, en introduisant dans sa Constitution le berbère en tant que ‘‘ seconde langue nationale''» a fait une concession purement formelle à la contestation berbère. (…) Ce refus n'est, in fine, que la traduction d'une certaine vision de l'Etat-national», précise l'enseignant dans sa communication portant sur la promotion médiatique de la langue amazighe (analyse des dispositifs législatifs et réglementaires). D'autres universitaires et professionnels des médias (Hakim Hamzaoui, Ahmed Berkas, Rachid Naïm, Sahar Ali, F. Kedour, Ouiza M.-Saïd, M. Bedreddine, A. Ouama) s'intéresseront à d'autres thématiques tout aussi utiles. Le recueil a recensé en fin d'ouvrage les résolutions finales du colloque. Le professeur Mostefaoui, auteur reconnu dans le domaine de la sociologie des médias, a dirigé sans coup férir un colloque dont les actes doivent être mis à la disposition des étudiants, dont beaucoup à l'Ecole d'Alger 3, d'ailleurs, apprécient le sens de la pédagogie et une rigueur intellectuelle sans faille.