Aux scandales financiers restés impunis, et à la dégradation du marché de l'emploi à l'échelle locale, s'ajoute la mafia de l'immobilier qui gère le foncier et le dossier des bidonvilles. Le pouvoir politique perd de sa vigueur à Souk Ahras et se remet exclusivement aux comptes rendus sans âme, étoffés par des chiffres qui sont loin d'être perceptibles sur le terrain. La multiplication des pôles de décisions et l'émergence d'un autre type de rabatteurs d'un pouvoir parallèle qui affiche au grand jour ses ambitions et sa ligne de conduite sont aussi inquiétants que ce même pouvoir flegmatique et sans efficacité. Aux scandales financiers restés impunis, et à la dégradation du marché de l'emploi à l'échelle locale, s'ajoute la mafia de l'immobilier qui gère et le foncier et le dossier des bidonvilles. Le retard constaté dans la réalisation des logements LSP et les projets lancés à doses homéopathiques synchronisés avec une prolifération jamais atteinte de bidonvilles, sont les ingrédients de la gestion parallèle des dossiers lourds à Souk Ahras. Les 10 000 demandes pour seulement 400 unités, soumises à l'étude au niveau de la daïra du chef-lieu de la wilaya, après élimination de 6 000 demandes, traduisent, on ne peut mieux, l'absence d'une politique du logement fiable dans cette wilaya. Le mois de mars prochain connaîtra, donc, une autre attribution que l'on qualifie pompeusement et avant terme d' « irréprochable ». De quoi faire burlesque et susciter les appréhensions. Pis encore, un élu local qui a requis l'anonymat a déclaré qu'un représentant du peuple aurait, au nom du statut, préétabli une liste de postulants, retenue par certains membres de la commission. Commérages et spéculations, diront certains. Faits vérifiables et indices irréfutables, diront d'autres. Une chose est sûre, le dossier logement est mal géré depuis des années, d'où des contestations sporadiques à Sedrata, où 16 familles de Zenket Achour ont menacé de se suicider, et des regroupements ininterrompus devant la daïra de Souk Ahras. C'est dans cette daïra, où le LSP est bloqué à bon escient, que les logements FNPOS ont été attribués à des personnes à l'abri du besoin, que les 1 400 baraques demeurent protégées par des élus de connivence avec des groupes recycleurs de terrains et de logements, c'est là aussi que les propositions des entreprises, étrangères soient-elles ou nationales, sont étouffées au stade fœtal. Des échos provenant des membres de la commission tentent, toutefois, de rassurer les citoyens par le recours au barème national qui privilégie les gens sans ressources et ceux habitant dans des conditions précaires, autrement dit, les bidonvilles. « Je vis depuis 40 ans dans la précarité, et je n'arrive pas à m'installer dans une baraque. Mais, il paraît que c'est le seul moyen pour avoir un logement. Si ce n'est pas le social, c'est le RHP sinon c'est le rural », constate amèrement un citoyen de Bir Youcef, habitant un logis de fortune à quelques dizaines de mètres du siège de la wilaya. Un autre de la cité Tagutagueya s'en prend carrément aux députés, aux sénateurs et aux responsables du secteur de l'habitat pour avoir pénalisé le chef-lieu de la wilaya, resté sans attribution depuis plusieurs années et pour les retards et éternels atermoiements dans le lancement des projets. C'est sur une poudrière qu'est déposé le dossier du logement social à Souk Ahras.