Du haut de ses 70 ans, Ammar Allalouche demeure le plus prolifique des artistes plasticiens d'Algérie. Celui dont le parcours artistique (plus de 46 ans) est des plus riches grâce à des œuvres ayant fait le tour des plus prestigieuses expositions dans le monde n'arrête pas de produire, et à tous les niveaux. Eternel insatisfait et peintre « hyperactif » et inlassable, il est en perpétuelle quête du beau et de la parfaite esthétique. « Je suis toujours en course avec le temps, je ne veux pas qu'il me dépasse, car je cherche à véhiculer de nouveaux concepts dans un monde marqué par plusieurs mutations », a-t-il affirmé lors d'une rencontre en marge de son exposition, intitulée « Hymne à la vie et à la tolérance », abritée par le CCF de Constantine du 10 au 28 janvier. Eternel militant de l'art universel, l'artiste, qui parle sans cesse des crises secouant la société contemporaine, plaide pour de nouvelles passerelles entre les peuples et l'ouverture d'espaces de libre expression et de création, où seuls les échanges interculturels permettent de sortir du marasme identitaire. Parlant de son exposition, Allalouche dira qu'il s'agit d'un panorama composé d'une cinquantaine de toiles et d'une vingtaine de sculptures, choisies parmi ses meilleures œuvres. Des œuvres chargées d'émotion, riches en formes et en couleurs, entre l'abstrait et le figuratif, traitant de thèmes divers liés à la modernité, la condition humaine, les problèmes de l'heure, la vie de tous les jours, mais surtout des sujets touchant au passé, au présent et au futur de la ville de Constantine, dont l'artiste est tombé amoureux « jusqu'à la moelle ». « Ce n'est même pas le cinquième de ce que j'ai produit durant ma carrière, alors que plusieurs de mes œuvres sont dispersées à travers les musées de plusieurs pays », a-t-il révélé humblement. « C'est dommage qu'il n'y ait pas d'espaces culturels permanents à Constantine où les artistes de tous bords viendront exposer et échanger leurs expériences avec les autres », a-t-il regretté. Dans l'évènement culturel de ce début d'année, l'artiste a tenu aussi à rendre un vibrant hommage à Kateb Yacine qu'il a côtoyé et qu'il qualifie de « génie humaniste et créateur ». L'on retrouvera aussi une œuvre dédiée à la mémoire du grand poète palestinien Mahmoud Derwiche, auquel il voue une grande admiration. Pour Ammar Allalouche, qui accueille avec humilité son public, les gens ont droit au beau et à tout ce qui est esthétique, à une époque où la technologie a énormément bousculé les mœurs. « L'histoire humaine est un entassement chaotique qu'il faut savoir déchiffrer, d'où la nécessité de penser beaucoup plus à l'humain, car les peuples ne peuvent atteindre l'épanouissement sans échanges culturels », a-t-il conclu. Exposition « Hymne à la vie et à la tolérance » de Ammar Allalouche, du 10 au 28 janvier 2010 au CCF de Constantine.