Du haut de ses 68 ans, Ammar Allalouche demeure le plus prolifique parmi les artistes plasticiens algériens. L'homme n'est plus à présenter après une carrière artistique de 42 ans, durant laquelle il s'est illustré dans des expositions individuelles et collectives d'envergure nationale et internationale avec en prime une qualité de membre fondateur des journées méditerranéennes des arts plastiques de Sousse en Tunisie. « Peindre, ce ne peut être désormais représenter les apparences des choses, figurer le monde espéré et célébrer ce qui est toujours et… peindre pour moi, c'est tout simplement, plus tragiquement manifester mon existence », dira Ammar Allalouche comme pour donner l'essence d'une philosophie qui s'exprime à travers une éternelle quête du beau et du parfait pour celui qui se qualifie aussi comme un éternel insatisfait. Pour d'aucuns, la seule sortie de Ammar Allalouche est vécue comme un événement marquant de la vie culturelle dans la cité de Massinissa. Après l'exposition de 2001 au théâtre régional de Constantine qui a fait coïncider deux grands retours, celui du TRC, après deux ans de fermeture pour rénovation et celui de Allalouche après sept ans d'absence, le peintre de « la métaphore en extension », comme le décrit son ami Mediène Ben Amar, est revenu cette fois-ci pour un autre événement à El Khroub, une ville qui commence à se faire une place de pôle culturel. Depuis le 1er février, le centre culturel M'hamed Yazid abrite une exposition de cent œuvres picturales inédites, fruit d'une autre période féconde de la vie de l'artiste. L'entreprise a été bien réussie puisqu'un public nombreux et surtout curieux ne manquera pas de faire le déplacement au centre culturel d'El Khroub où le cadre agréable épouse harmonieusement une lignée de toiles que le public a eu à découvrir et à méditer. « Sans le public, l'artiste n'existe plus », aime à répéter Ammar Allalouche, qui profite de ces longues discussions haletantes et soutenues pour éveiller l'intelligence de ces visiteurs. La clôture prévue aujourd'hui est un autre rendez-vous à ne pas manquer en attendant un autre plus important et plus prometteur. L'artiste prépare activement un événement : une exposition rétrospective qui couronne toute une carrière sera abritée durant le mois du patrimoine (18 avril-18 mai) par le musée national Cirta de Constantine. Intitulée : « Plus belle l'Algérie de novembre, ce monde qui est le nôtre », l'exposition devra atterrir au musée national des Beaux-Arts d'Alger et se prolongera au musée national Zabana d'Oran.