Surtout, il a confirmé qu'il était hors de portée dans les matchs importants. Les trois grandes finales de 2015 (Wimbledon, US Open, Masters) avaient déjà tourné en sa faveur et il n'a plus perdu contre Federer dans un tournoi du Grand Chelem depuis la demi-finale de Wimbledon en 2012. En comparaison, ses défaites contre le n°3 mondial à Cincinnati et au Masters (en poule) en 2015, ses dernières en date sur le circuit, paraissent anecdotiques. Le tenant du titre disputera sa sixième finale à Melbourne. Aucun joueur de l'ère Open (depuis 1968) ne peut en dire autant. Comme il a remporté les cinq premières, son adversaire — que ce soit le Britannique Andy Murray, 2e mondial, ou le Canadien Milos Raonic (14e), qui se disputeront le deuxième billet aujourd'hui — sait qu'il s'attaquera à une montagne. Si le Serbe, âgé de 28 ans, joue le même tennis que lors des deux premières manches de la demi-finale, ce sera même mission impossible. Djokovic a tout simplement été parfait. Indéboulonnable sur sa ligne de fond, impossible à déborder, impeccable en retour comme au service, il n'a rien manqué pendant une heure (six erreurs dans les deux premiers sets). Ses contres étaient fulgurants, ses angles étonnants, sa cadence en fond de court infernale. En face, Federer, forçant son jeu, commettait de nombreuses erreurs (24 dans les deux premiers sets). «C'était les deux meilleurs sets que j'aie jamais joués contre Federer», a dit le n°1 mondial. Invincible A ce rythme, le Suisse semblait se diriger tout droit vers une des pires défaites en Grand Chelem de sa carrière. La déroute n'était pas loin lorsque Djokovic s'est créé une nouvelle balle de break à 2-2 dans le troisième set. Mais Federer a réagi avec classe. Au jeu suivant, c'est lui qui faisait enfin le break — il n'avait pas eu la moindre occasion jusque-là — dans une formidable ovation de la Rod Laver Arena. Le public australien ne voulait pas voir le quadruple vainqueur du tournoi (2004, 2006, 2007, 2010) subir une humiliation. Mais le match n'avait pas basculé pour autant. Tombé un peu dans la facilité au troisième set, Djokovic a repris l'initiative au quatrième, après la fermeture du toit rétractable en prévision d'une nouvelle pluie d'été. Il a profité d'une panne de première balle de Federer pour prendre son service (5-3), puis conclure en 2h19. Le Suisse, téméraire comme un jeune homme malgré ses 34 ans, pourra s'en vouloir d'avoir tenté un service-volée aventureux sur la balle de break. Vu la qualité de son jeu, le Serbe sera archifavori en finale pour un onzième titre majeur. Il n'avait pourtant pas paru au sommet de son tennis depuis le début de la quinzaine australienne. On se souvient de ses 100 fautes contre le Français Gilles Simon en huitièmes de finale. Mais en grand champion, il élève son niveau en même temps que l'enjeu s'accroît. Federer, lui, n'abandonne pas la quête de son 18e titre majeur. «Vous pensez que je suis vieux, mais je peux courir pendant quatre ou cinq heures, ça ne m'inquiète pas», a dit le Suisse. Chez les dames, Serena Williams apparaît encore plus invincible. Après avoir balayé la Polonaise Agnieszka Radwanska (6-0, 6-4), elle rencontrera en finale l'Allemande Angelique Kerber, qui a éliminé la Britannique Johanna Konta (7-5, 6-2). Il s'agirait de son septième titre à Melbourne et de son 22e en Grand Chelem, record de l'ère Open égalé.