Le gel de ce mouvement de débrayage national, censé commencer demain, était motivé par la volonté affichée par l'Etat de procéder à des discussions bilatérales afin de trouver des solutions aux problèmes relevés par l'Uniprest, notamment celui de la marge bénéficiaire «anéantie» par l'augmentation du prix des carburants. «Lors de la réunion de travail que nous avons tenue, mardi dernier, avec le directeur de cabinet du Premier ministre, nous avons estimé l'augmentation de la marge de bénéfice de détail des carburants de 0,16 DA par litre octroyée par les pouvoirs publics insuffisante pour couvrir les charges d'exploitation, notamment pour les petites stations-service. L'Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) présente lors de cette réunion, a précisé qu'à travers l'analyse des données disponibles, cette marge bénéficiaire, qui s'ajoute à celle accordée en 2013, permet aux stations-service d'être globalement rentables. Vu cette disparité dans les avis entre notre union et l'ARH et ne pouvant pas arriver à une solution lors de cette première rencontre, nous avons été conviés à une autre séance de travail, le 15 février prochain. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de geler notre mouvement de protestation jusqu'à une date ultérieure ainsi que la réunion du conseil national, en attendant les résultats de cette rencontre», déclare M. Aït Ancer, qui précise que l'Autorité de régulation des hydrocarbures n'a pas procédé au réajustement de cette marge de bénéfice comme le stipule le décret 08-289. «Ce texte portant sur le fonctionnement des stations-service déclare clairement que lorsqu'il y a un paramètre économique qui vient bouleverser l'équilibre financier des stations-service, cette autorité est chargée d'opérer des réajustements chaque année. Si cela n'est pas fait, le réajustement est automatique après 5 ans. Si cette autorité avait rempli sa mission, le problème de la marge bénéficiaire ne serait pas posé aujourd'hui», ajoute-t-il. Les stations-service mises à mal D'après notre interlocuteur, lors de la prochaine réunion, d'autres points viendront s'ajouter à la liste des réclamations des propriétaires de stations-service. En plus du problème de cette fameuse marge qui ne peut être résolu qu'en partenariat avec les ministères des Finances, de l'Energie et du Commerce ainsi que l'ARH, l'Uniprest appellera à la mise en place de mécanismes encourageant et facilitant la diversification des activités des stations-service en complément de l'activité principale. Dans ce sens, M. Aït Ancer a relevé le problème de la concurrence déloyale que subissent ces stations-service, notamment avec l'ouverture des stations de lavage et autres services qui doivent faire partie de leurs prestations. La mise en conformité des anciennes stations créées avant 2001 sera aussi un des points importants que l'Uniprest compte exposer au ministère de l'Energie. «Conformément à la nouvelle réglementation, ces stations-service, souvent implantées en milieu urbain, doivent obtenir un agrément du ministère. Ce qui n'est pas le cas pour ces dernières qui exercent avec un agrément de la wilaya. Pis, pièce maîtresse dans le dossier de demande d'agrément au ministère : il est exigé de fournir un acte de propriété délivré par les Domaines, ce qui n'est pas le cas de plusieurs propriétaires qui ne possèdent que des actes administratifs délivrés par l'APC», abonde le patron d'une station-service à Souk Ahras. D'autres problèmes seront aussi exposés aux hauts responsables présents lors de cette réunion, notamment celui de l'iniquité dans l'implantation des stations-service et l'impact de la fiscalité appliquée sur l'activité de distribution des carburants.