Des trains à côté de chez vous. Des liaisons ferroviaires qui feront le bonheur de nombre de voyageurs. Même si l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Ansrif) ne veut pas communiquer les dates de livraison, les travaux, selon la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) «avancent bien». Au total, les nouvelles lignes représentent 7000 km dans tout le pays. Au nord, la ligne la plus attendue est celle reliant Alger à Tizi Ouzou que nos sources au ministère des Transports annoncent pour la fin de l'année. «Le but est d'intégrer Tizi Ouzou dans la banlieue d'Alger, comme cela a été fait pour El Afroun et Thénia», explique Abdelouahab Aktouche, assistant du directeur général de la SNTF. Electrifié jusqu'à la zone industrielle de Oued Aissi, le train circulera à 160km/h. Il va parcourir 64 km et réduire le temps de trajet de 28 minutes. Il fera un arrêt dans les villes suivantes : Si Mustapha, Issers, Bordj Menaiel, Naciria, Tadmait et Draa Ben Khedda, en plus d'une halte à Boukhalfa. La réalisation de ce projet a été attribuée à six entreprises, dont une nationale. Alger-Zéralda Autre projet dans la banlieue d'Alger : la ligne reliant Alger-Zéralda, initialement prévue pour décembre 2015. Les travaux avancent à Birtouta, qui est déjà reliée au réseau ferroviaire. Jusqu'à Zéralda, c'est un tracé de 23 km qui sera réceptionné. Avec cinq arrêts, il circulera à 140 km/h et permettra aux milliers d'usagers pénalisés par les embouteillages de rallier le centre et Alger-Ouest. Elle sera électrifiée et à double voie. Le train fera des escales à la gare de Birtouta, Tessala El Merdja, la nouvelle ville de Sidi Abdellah, la cité universitaire de Sidi Abdellah et enfin Zéralda. Les travaux sont confiés à la société nationale Infrarail et à l'entreprise turque Yapimerkezi. Du point de vue technique, le suivi des travaux a été attribué au groupement PBZ, composé des bureaux d'études Setirail-Sidem-Saeti. Hassi Messaoud Des travaux sont aussi lancés pour ouvrir plusieurs lignes : de Boughezoul à Djelfa, de Djelfa à Laghouat, une pénétrante entre El Gourzi et Touggourt et une autre entre Touggourt et la nouvelle ville de Hassi Messoud et de la ville à la base pétrolière. Ces lignes ne pouvant être opérationnelles sans les trains, prévus pour 2018, il faut au moins compter trois ans avant leur réception. D'autres travaux sont plus avancés. C'est le cas des lignes Sétif et Jijel, entre Moulay Slissen et M'sila, qui passera par Tiaret, Tissemssilt et Boughezoul. Avec le lancement du projet du complexe de transformation de phosphate, les travaux sont aussi en cours pour la voie ferrée Annaba-Souk Ahras-Oued Keberit. La SNTF assure que «la même cadence de travail est adoptée pour relier Bellara (complexe industriel) à Jijel-Port. Il y aura aussi une ligne M'chria-El Baydh et El Tarf sera reliée à Annaba». Nouvelles machines Côté matériel roulant, 17 nouveaux autorails ont été commandés auprès du fabricant français Alstom. Techniquement, ils sont en bi-mode : ils peuvent circuler à l'électricité ou au diesel. «Pour ces trains régionaux, appelés Coradia, nous attendons une livraison intégrale en janvier 2018», a expliqué Henri Bussery, directeur général d'Alstom Algérie. «98 autres autorails seront fabriqués chez Cital à Annaba. La production commencera vers mai 2018 et s'étalera jusqu'en 2028», a-t-il affirmé. Le montant du contrat s'élève à près de 200 millions d'euros pour les 17 autorails, dont le premier devra être livré en janvier 2018. «Nous avons aussi prévu l'acquisition de rames pour les grandes lignes. Nos autres trains seront aussi modernisés dans nos ateliers à Sidi Bel Abbès. Il est question de refaire toute la climatisation, les salons, le design intérieur et les points restauration. Au total, 202 voitures vont être refaites ou remplacées», confie Abdelouahab Aktouche. Des travaux de dédoublement de voie et, dans certains cas, rectification de tracé –pour avoir plusieurs trains capables de faire la navette dans la journée – sont en cours sur 764 km dans les Hauts-Plateaux et sur les voies existantes de tout le réseau. L'autre opération en cours est le renouvellement des voies, en d'autres termes, des rails usés et des ballasts (lit de cailloux qui supporte une voie de chemin de fer). Au total, environs 1000 km sont concernés. Trains intelligents Le programme de la SNTF prévoit aussi d'animer les gares en les ouvrant sur la ville, en créant des commerces et en installant des distributeurs de billets automatiques. Des opérations pilotes seront lancées d'abord à Alger, Oran, et Constantine. Des accès aménagés sont même prévus pour les personnes à mobilité réduite. Abdelouahab Aktouche insiste sur l'électrification de tout le réseau – aujourd'hui tout fonctionne par système mécanique et électromécanique – et la nouvelle signalétique amenée à remplacer celle qui date… des années 1940 ! La SNTF passera aux postes d'aiguillage informatisés, associés aux nouveaux systèmes composés de GSM de rail et TGS de la gestion de trafic, où le train régule sa vitesse lui-même. On appelle ça des trains intelligents. Les retards déjà enregistrés sont, pour Abdelouahab Aktouche, à mettre sur le compte d'un manque de culture du train et de l'incivisme qui font que souvent des retards sont dus à des accidents ou des incidents (caillassage, utilisation de la voie ferrée, etc.) qui se produisent sur une ligne, mais se répercutent sur beaucoup d'autres.