Seulement 10% du parc immobilier national sont assurés contre les catastrophes naturelles (cat-nat), a révélé hier à la radio Abdelkrim Benbouabdellah, directeur général du Conseil national des assurances (CNA). Les Algériens ne se bousculent pas au portillon des agences des compagnies d'assurances. Pourtant, l'assurance cat-nat est obligatoire depuis plusieurs années. M. Benbouabdellah, qui était l'invité de l'émission « Le rendez-vous de l'économie » sur la Chaîne II, a révélé que le taux de souscription à ce type de police n'a pas dépassé les 2% durant l'exercice 2008-2009. Ce taux est « insignifiant pour un pays comme le nôtre, ayant connu plusieurs catastrophes naturelles et situé dans une région du monde connue pour sa forte sismicité », a-t-il commenté. Le prix ne semble pas être l'élément dissuasif dans ce cas de figure, a-t-il noté. « En termes de coût, cela représente à peine 3 DA/jour pour une couverture annuelle », a-t-il fait valoir, tout en reconnaissant que les compagnies d'assurances n'ont pas fait assez pour sensibiliser les concernés. Le peu d'engouement s'explique, selon lui, par un manque de conscience, le poids du religieux dans notre société qui s'en remet au destin et la présence du principe de la solidarité nationale. Les citoyens touchés par les catastrophes naturelles s'attendent toujours à une aide de l'Etat, a-t-il ajouté. Les assureurs espèrent changer cette mentalité et « s'ingénient à trouver des formules pour avoir avec l'assurance la cat-nat des résultats aussi probants qu'avec la branche automobile dont le taux de souscription atteint 42,9%. Plusieurs options sont envisagées, dont celle d'exiger la présentation du contrat lors du payement des factures d'électricité, d'eau ou de téléphone ». « Jusqu'ici, la souscription cat-nat n'est vérifiable qu'à l'occasion d'un acte notarié de transaction immobilière ou lors de la remise des bilans fiscaux », a souligné le directeur général du CNA. L'agriculture est l'autre parent pauvre du secteur des assurances. Elle représente à peine 1% du taux global. M. Benbouabdellah impute ce faible taux à « la baisse du chiffre d'affaires de ce secteur sur plusieurs années consécutives ». Il a annoncé dans ce sillage le lancement prochain d'un nouveau produit devant couvrir les risques des calamités agricoles. L'orateur a indiqué par ailleurs que le montant du règlement des sinistres pour l'année 2009 a atteint 57,4 milliards de dinars au 30 septembre, contre 35 milliards de dinars en 2008. La part du lion revient à la branche automobile avec un taux de 42,9%, suivie de la police contre les incendies et risques divers (37,2%). Le chiffre d'affaires du secteur des assurances pour l'année 2009 devrait s'établir à 76 milliards de dinars, soit près d'un milliard de dollars. « Il s'agit d'un résultat jamais atteint jusqu'ici », a signalé M. Benbouabdellah. Il estime cependant que ce chiffre reste faible en comparaison avec d'autres pays. « En termes de pénétration, il représente à peine 0,62% en 2008 contre 7,7% au niveau mondial. La contribution de ce secteur à l'investissement national à travers le drainage de l'épargne ne dépasse pas 2,6%, alors qu'il est de l'ordre de 50% en France, par exemple », a-t-il dit conclu.