Ayant refusé un recasement « provisoire » dans des chalets, 13 familles occupant un immeuble menaçant ruine à Bologhine vivent sous la menace de l'effondrement de la bâtisse. Les habitants d'un immeuble, sis 42 rue Zemmouri Boumediène dans la commune de Bologhine, refusent toujours de se plier à la décision de la wilaya déléguée de Bab El Oued qui leur a proposé un recasement dans des chalets dont ils ne connaissent même pas le lieu d'implantation. « Notre immeuble menace ruine depuis maintenant plusieurs années. Nous avons dû attendre longtemps un relogement définitif dans des habitations décentes, mais les autorités qui ont à charge la gestion de ce dossier nous ont surpris par cette décision inattendue, qui consiste à nous recaser provisoirement dans des chalets insalubres dont on ne nous a également pas précisé l'emplacement », se lamente Mme Bougerra, une habitante de l'immeuble en question, et qui s'avère être un cas social avéré. « Mon mari a été égorgé lors de la décennie noire, j'ai perdu également mon fils de 23 ans sous les balles assassines des terroristes et un autre a été aussi blessé durant la même période, il est aujourd'hui infirme. Malgré cela et en guise de prise en charge, les autorités nous proposent des habitations encore plus vétustes que celles que nous occupons actuellement ma famille, composée de sept membres, et moi », poursuit-elle. Bien que la vie des 13 familles, occupant cet immeuble, se trouve sérieusement menacée, eu égard à l'état de dégradation très avancé de la bâtisse, ces locataires ont fermement décliné l'offre des pouvoirs publics. « Nous ne voulons pas troquer la précarité qui est la nôtre contre une autre dont on ne connaît pas les rouages », dira notre interlocutrice. Et d'ajouter : « Nous sommes pris entre deux feux, celui de nous retrouver un jour ensevelis sous les décombres de notre immeuble vétuste, ou celui de nous retrouver définitivement logés dans un container de 36 m2. » Ces familles, qui vivent aujourd'hui dans une interminable expectative, demandent à être prises en charge de manière définitive. « Notre requête est tout à fait légitime, car nous ne voulons pas rentrer dans une spirale d'attente qui risque de durer des années encore », dira un autre locataire dont la situation socioprofessionnelle n'est guère reluisante. Il poursuit : « Nous savons que la plupart des familles qui ont été provisoirement recasées dans des chalets y sont toujours et ce, depuis 2003. » A l'heure où les responsables de la wilaya préparent l'évacuation de tous les chalets, au nombre de 2500, dans le Grand-Alger, avant la fin de l'année en cours, paradoxalement tout porte à croire que ces mansardes qui ont dépassé largement leur durée de vie auront, dans un avenir proche, à servir encore. Car à chaque fois qu'il s'agit de reloger des familles dans l'urgence, c'est toujours dans des chalets que cela s'opère.