De nombreux villages ont été désertés durant les années de terrorisme Des familles se sont réinstallées ces dernières années, avec le soutien du Programme de développement agricole et rural (PDAR). Des champs défraichis, des terres labourées, odeurs du fumier, des fermiers qui délimitent leurs champs et des jeunes qui retapent leur maison : tout porte à croire que la vie, ici au village Boumhala, dans la commune de Sidi Naâmane, à 15 km à l'ouest de Tizi Ouzou reprend ses droits depuis le retour de ses habitants. Ils avaient été contraints à l'exode vers les villes de Draâ Ben Khedda, Tadmaït et Tizi Ouzou poussés par un climat d'insécurité délétère entre 1995 et 2003. Sept villages ont alors subi les affres de la menace terroriste et ont été désertés. Les villageois ont laissé leurs biens derrière eux. Mais, semble-t-il, cette époque est révolue. Après neuf kilomètres de route bordée d'eucalyptus, d'oliviers et de chênes-liège, les premières maisons s'offrent aux yeux du visiteur. Certaines d'entre elles sont en ruine et d'autres en construction. Depuis 2003, 24 familles se sont réinstallées définitivement au village avec le soutien du Programme de développement agricole et rural (PDAR) de 2002. Ainsi, chaque famille a bénéficié de 25 millions de centimes pour la réhabilitation de sa demeure. Le PDAR a relancé quelque peu la culture des terres et l'élevage. « Pour nous, ce programme est une bouée de sauvetage. Grace à cette aide financière et les projets individuels et collectifs inclus dans le PDAR, mais aussi au retour de la sécurité, les gens commencent à rentrer chez eux progressivement », dit Mohamed, membre du comité de village. La reconstruction et le repeuplement de cette colline est à ce titre le cheval de bataille des représentants des 5 villages concernés. Le second programme affecté à cette commune à vocation agricole est le Projet de proximité de développement rural intégré. « Nous attendons beaucoup de ce programme parce qu'il intègre, outre que les projets individuels et collectifs, d'autres opérations que l'APC ne peut pas prendre en charge au titre des PCD (projets communaux de développement), tel que l'aménagement rural », ajoute-t-il. Dans cette matinée hivernale, il n'y a pas grand monde dans les venelles du village, si ce n'est le va et vient de quelques fermiers à dos d'âne et de quelques villageois qui bichonnent leurs potagers. Messaoud, un diplômé en lettres arabes pose son fagot de branchages d'olivier au pied d'un arbre et livre ses impressions : « Par rapport aux années précédentes, les choses se sont beaucoup améliorées. Mais ce n'est pas assez, puisque nous ne disposons pas encore d'infrastructures sanitaires, sportives et culturelles. Le plus important est fait : nous avons la route, une piste agricole, l'eau, et avec l'aide de l'Etat, les gens réhabilitent leurs maisons. » Mais pour ce jeune, « il faudra plus de temps et plus de structure vitale pour convaincre les jeunes à venir s'installer ici ». La jeunesse est au centre des préoccupations des représentants des 7 villages sinistrés. « Je crois que l'essentiel est acquis, mis à part l'extension de l'électricité pour les nouvelles maisons. Il nous reste plus qu'à mobiliser les jeunes et leur créer des espaces de divertissement. Nous avons une jeunesse talentueuse, des étudiants qu'il faut prendre en charge », estime Mohamed, qui dit avoir sollicité les directions de la culture et de la jeunesse et des sports. « Nous n'avons reçu que des promesses pour l'instant. Il n'est pas possible que la seule activité de nos jeunes se limite à la chasse au gibier ! », fulmine un habitant rencontré à la placette du village. On quitte le village pour nous rendre au chef-lieu de cette commune de plus de 12 000 habitants. La vie semble figée dans ce patelin très mal loti en matière de logements, d'équipements publics et de structures vitales. On y trouve sur le chemin qui travers le chef-lieu, un centre de formation récemment inauguré, une bibliothèque en voie d'achèvement, une polyclinique et une brigade de gendarmerie. Le casse-tête pour le maire, M. Khoudja, est le foncier, insiste-t-il. « Ma commune recèle plus de 100 ha de terrains domaniaux. Durant les années d'insécurité, des autorisations d'exploitation de ces terres ont été attribuées à des citoyens. Nous venons d'entamer les démarches nécessaires en vue de récupérer tous ces lopins parce qu'il y a un programme de logements qui attend d'être réalisé et une structure de sûreté urbaine pour la localité », déclare le P/APC qui semble déterminé à faire aboutir ces projets. Le PPDRI est le seul outil de développement sur lequel comptent les habitants. La commune est pauvre ; les élus semblent impuissants. Mais, le maire rassure : « Nous avons inclus des opérations d'utilité publique dans le PPDRI, tels que l'assainissement et l'AEP. Les fiches techniques sont prêtes et attendent l'approbation de la commission communale avant qu'elles ne soient transmises à la daïra. »