L'attaque est survenue mercredi vers 17h à Aguelhok, dans la région de Kidal. Cinq Casques bleus de nationalité tchadienne ont été tués et trois autres ont été grièvement blessés, a affirmé hier un communiqué de la mission onusienne. Le véhicule du convoi a heurté un engin explosif, puis un groupe armé a ouvert le feu sur les soldats onusiens. «Hier vers 17h locales, cinq Casques bleus de la Minusma ont été tués et trois ont été grièvement blessés lors d'une embuscade au nord d'Aguelhok», indique le document, en précisant qu'ils appartenaient au contingent tchadien. «L'attaque s'est déroulée alors que les soldats de la paix escortaient un convoi logistique. Après avoir heurté un engin explosif, le convoi a été la cible de tirs», selon le communiqué, qui évoque «un nombre indéterminé d'assaillants» non identifiés. Selon une source militaire africaine au sein de la force de l'ONU, quatre des cinq soldats ont été tués sur le coup et le dernier a succombé à ses blessures. «Suite à l'attaque, trois suspects ont été capturés et seront remis aux autorités compétentes», souligne la Minusma, dont le chef par intérim, Koen Davidse, «condamne dans les termes les plus forts cette attaque abjecte visant une fois de plus les Casques bleus au Mali». M. Davidse, cité dans le communiqué, «renouvelle l'engagement de la Minusma aux côtés des Maliens pour la stabilisation du pays, ainsi que pour la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation» signé en mai-juin 2015. Coûteuse Aucune revendication officielle n'a été communiquée, mais selon plusieurs observateurs, il s'agit d'une attaque terroriste. Dans la zone, les hommes d'Iyad Ag Ghali, leader du groupe islamiste Ansar Dine, sont présents. Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU a condamné l'attaque, qu'il a qualifiée d'«odieuse». Ban Ki-moon a appelé à «agir rapidement pour traduire en justice les auteurs de cette attaque odieuse». Et d'ajouter : «Depuis le début de cette année, une dizaine d'attaques contre les Nations unies ont été recensées dans la région de Kidal, provoquant la mort d'au moins douze membres des personnels de l'ONU, dont les victimes d'aujourd'hui.» Cette attaque est la plus meurtrière visant la force de l'ONU depuis celle du 12 février contre la base de la Minusma à Kidal, dans la même région, qui avait coûté la vie à sept Casques bleus guinéens, dont une femme. L'attaque du 12 février avait été revendiquée par le groupe djihadiste Ansar Dine du Touareg malien Iyad Ag Ghaly. Déployée depuis juillet 2013, la Minusma est la mission de maintien de la paix de l'ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec une soixantaine de Casques bleus tués en opération. La force française Barkhane, qui traque les djihadistes à travers le Sahel, est intervenue en soutien de la Minusma après cette attaque, a déclaré hier le porte-parole de l'état-major français, le colonel Gilles Jaron. Détachement de forces L'armée française a envoyé «deux hélicoptères de manœuvre ainsi qu'un détachement de forces au sol qui a sécurisé la zone et permis de récupérer les blessés tchadiens qui ont été immédiatement évacués vers Gao», principale ville du nord du Mali, a-t-il précisé. «Cette situation montre combien la zone Kidal-Aguelhok-Tessalit reste sensible», a rappelé le colonel Jaron. Le nord du Mali était tombé, en mars-avril 2012, sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al Qaîda, après la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée. Les djihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature de l'accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes.