Les suspects, connaît déjà une controverse. Suite à la remise en cause des droits de Cirta Films concernant la production de Les Suspects d'après Les Vigiles de Tahar Djaout, et dans le but de faire connaître les dessous de cette affaire à laquelle l'administration du ministère de la Communication et de la Culture ne serait pas étrangère, Hachemi Zertal a réuni la presse, hier, à la maison de la presse Tahar-Djaout pour faire la lumière sur cette «spoliation cinématographique». Le groupe algérien Cirta Films représentait 40% du budget global de la production, les 60% restants revenaient au producteur belge Hubert Toint. Un film réalisé par Kamel Dehan. «C'était pour moi un défi de faire aboutir ce film. Malgré les critiques, je me devais de fournir les sources de financement pour pouvoir continuer le tournage du film jusqu'au bout», confie M.Zertal. Le groupe Cirta Films a mobilisé, en effet, plusieurs ressources financières auprès des partenaires suivants: 7 millions de dinars auprès du commissariat général de l'Année de l'Algérie en France 2003, une première tranche de 3,5 millions de dinars au début du tournage, et une deuxième du même montant à récupérer après remise de la copie. Aussi, 5 millions de dinars auprès de l'Entv au titre de la coproduction (contrat signé avec Cirta Films). La Sonatrach sponsorise avec un montant de 2 millions de dinars. Le ministère de la Culture et de l'Information s'était engagé à apporter un matériel évalué à 1.070.000 DA. Le projet du film Les Suspects a été, pour rappel, labellisé par les commissariats algérien et français de l'Année de l'Algérie en France. «Je me suis engagé à faire des prêts, sachant bien que j'allais couvrir ces dettes fin octobre.» Le film devait se faire à Constantine, Annaba et Béjaïa. le tournage était prévu début mai. «Autant que le réalisateur que moi avons pris l'engagement de faire aboutir ce projet et commencé à dépenser pour la préparation du tournage, avant la signature d'un quelconque document.» Le film accuse quelque retard. La production belge surseoit au tournage en mai en raison du laps de temps très court pour mobiliser une équipe technique belge et les moyens financiers mis à sa disposition par le ministère de la communauté française de Belgique (sorte de ministère de la Culture). Le coproducteur Saga Films reporte encore une fois le film. La raison est qu'elle devait récupérer la subvention du ministère, gelée pour non-consommation...Le tour de manivelle du film fut donné enfin le 22 mars dernier. «La 5e semaine du tournage, le réalisateur, affirme Hachemi Zertal, voyant que le film tirait à sa fin, présente un document signé où s'érigeant en producteur exécuteur, demande 50% des aides et subventions revenant au film. Selon lui, très au fait des décisions du ministère de la Culture, il était réservé un milliard de subventions, pour ce film. Un pactole alléchant dont il fallait avoir sa part. Ma réflexion a été: je suis endetté et je m'endette encore pour que tu termines ton film et tu me parles de bénéfices à partager. Cet argent s'il y en avait, reviendrait au film.» Le 7 mai, nous apprend-on, le producteur belge rencontre le réalisateur et commence à intimider les techniciens. Le réalisateur distribue des feuilles et dicte aux techniciens le texte à adresser à Cirta Films pour dénoncer le contrat qui les lie pour non-paiement de la semaine. Le 8 mai, les techniciens sont régularisés, payés comme prévu, nous informe Hachemi Zertal. Le 9 mai, le producteur belge annonce à Cirta Films qu'une nouvelle production a été chargée de terminer le film et, par conséquent, le producteur algérien, le directeur de production, l'administrateur et le comptable pouvaient, dès à présent, plier bagages. «La production algérienne réunit les techniciens et les informe de la manipulation qui se trame contre la poursuite du tournage. L'arrêt de la production ne serait pas pour déplaire à la partie belge qui trouverait là un moyen d'évincer le producteur.» C'est ce qui arrive, en effet. Hachemi Zertal se trouvant écarté, on ramène un nouveau producteur qui de tout le film n'a assuré «le tournage que d'une seule scène», rapporte Zertal, qui revendique en quelque sorte la paternité de ce film. «C'est Cirta Films qui a financé le film jusqu'à s'endetter, c'est Cirta Films qu'on menace aujourd'hui pour rembourser la première tranche. Cirta Films a payé les comédiens comme aucune société ne l'a fait auparavant». Et d'ajouter: «Je devenais gênant car j'ai refusé de cautionner les magouilles financières projetées (fausses factures, cession de 50% de subventions)». Lors du tournage à Tipasa, le réalisateur décide d'arrêter le tournage en mentionnant dans son rapport que la production n'avait pas les moyens financiers de mener à bien cette journée, ce que conteste Zertal. «C'est ce jour aussi que techniciens et comédiens étaient conviés par le réalisateur à la réception de fin du film le lendemain, cette fois en cercle restreint, d'autres étaient conviés à un méchoui. Comment peut-on fêter avec ostentation et se réjouir de l'arrêt de sa première fiction à deux jours du tournage?», se demande Hachemi Zertal. Contacté à plusieurs reprises, le ministère de la Culture et de l'Information ne répond ni au courrier ni aux innombrables coups de téléphone du responsable de Cirta films. Ce dernier se dit indigné face au silence du ministère. «J'ai toujours recherché un accord à l'amiable avec mes créanciers, car mon rôle n'est pas d'arrêter un film. Mais aujourd'hui j'ai décidé de porter l'affaire en justice en attaquant le producteur belge. J'ai pris Me Bourayou en Algérie, un autre à Paris et un autre à Bruxelles», avoue Zertal. Ce dernier, il faut le savoir, n'est même pas convié à l'avant première du film qui se tiendra aujourd'hui à la salle Ibn Zeydoun. Enfin Flash Média a décidé d'évincer Cirta films et de s'approprier les 40% du groupe algérien, ce que Zertal qualifie d'escroquerie. Aujourd'hui Cirta films compte pour du beurre dans la production de Les suspects puisqu'il ne figure même pas au générique du film. Drôle d'affaire...