Lorsqu'il s'agit de lutte contre le terrorisme, les choses ne sont pas aussi claires entre Américains et Européens. « Nous travaillons pour mettre en place une mécanique, une structure pour la collecte et l'analyse du renseignement militaire et civil... Il faut reconnaître que le renseignement sensible est partagé avec réticence entre les alliés. » C'est le constat fait par le directeur de la division de la politique et des plans de défense de l'Otan, Steven Sturm, lors d'une conférence de presse donnée, mercredi après-midi, au siège de l'organisation. M. Sturm a expliqué que le concept militaire de défense contre le terrorisme est, au niveau de l'Otan, un document classifié (top secret) et que seules des informations d'ordre général sont publiques et discutées en conseil. Il s'agit par exemple des actions contre le soutien au terrorisme, de la prévention ou de la dissuasion. Si le conférencier a bien reconnu que le terrorisme « est un point régulier des discussions au sein du conseil de l'Otan », il a également affirmé que « ce n'est que depuis l'été 2004 que l'organisation a ouvert les débats pour la mise en place d'une unité de renseignements et a demandé aux partenaires d'y participer en informations civiles et militaires ». Selon M. Sturm, il n'y a pas de pays mieux placé que l'autre pour orienter l'Otan dans la lutte contre le terrorisme, d'autant plus que « l'Otan ne génère pas des renseignements, mais récupère et dispatche l'information sensible ». C'est peut-être là aussi des raisons de comprendre pourquoi certains stratèges et spécialistes sont encore à se disputer sur le concept du terrorisme. Ici, il faudrait rappeler que la définition du concept stratégique sur le terrorisme date de 1999 dans les textes de l'Otan. Soit bien avant le 11 septembre 2001. L'organisation transatlantique a bien lancé des chantiers sur cette question lors du sommet d'Istanbul de juin 2003, mais à ce jour les partenaires divergent sur la question pour une lutte concertée et unanime. Il ne faut, certainement, pas y voir l'absence d'une stratégie globale de lutte antiterroriste, mais plus une différence dans l'identification de la menace terroriste et les moyens de la prévenir. C'est que le terrorisme n'a plus une seule expression ni les mêmes causes. Quelle est la frontière entre la lutte antiterroriste et la préservation des droits de l'homme, par exemple ? Ou encore comment différencier les actes de résistance des actes terroristes ? La perception du terrorisme « est chez les Américains d'ordre existentiel », a déclaré le conférencier de l'Otan. « Elle remet en cause les valeurs morales et philosophiques sur lesquelles est née l'Amérique », a-t-il ajouté.