La justice britannique a ordonné la libération de la prison de haute sécurité de Belmarsh, banlieue londonienne, de neuf détenus soupçonnés d'avoir été impliqués dans des activités terroristes, dont sept Algériens. Cette libération intervient alors même que se poursuivait au Parlement le bras de fer sur le nouveau projet de loi antiterroriste. Le premier Algérien, connu sous l'initiale « A. », a été libéré par la Commission spéciale des appels (SIAC) jeudi, tandis que deux autres connus sous les initiales « K. » et « H. » ont été libérés hier matin. Les autres détenus devraient être libérés avant demain soir, quand la loi antiterroriste arrivera à expiration. Les neuf détenus de Belmarsh, tous des étrangers, ont été incarcérés depuis plus de trois ans sans inculpation. Selon la SIAC, l'Algérien « A. », dont la demande d'asile a été rejetée, a été arrêté en décembre 2001 et accusé d'avoir levé des fonds pour le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et aidé les islamistes en Tchétchénie. Il est aussi soupçonné d'avoir été impliqué dans des « opérations de falsification de cartes de crédit ». Pour sa part, « K. », arrivé en Grande-Bretagne en 1998, est soupçonné par la SIAC d'« avoir eu l'intention de planifier des attentats terroristes au Royaume-Uni et en Europe, avec utilisation de produits chimiques toxiques ». Quant à « H. », 32 ans, installé en Grande-Bretagne en 1993, il est soupçonné d'avoir combattu aux côtés des islamistes en Afghanistan. Cependant, la SIAC avait fait savoir que les preuves fournies par le gouvernement contre lui étaient insuffisantes. Les autres Algériens qui devraient être libérés avant dimanche sont connus sous les initiales « P. », « I. », « B » et « G ». « B », 32 ans, est soupçonné par la SIAC d'« avoir été membre d'un groupe terroriste dans son pays natal et aidé des terroristes en Algérie et en Afghanistan ». « P. », selon le gouvernement britannique, « est lié à des groupes terroristes algériens ». « G. » a été placé sous résidence surveillée à cause de la détérioration de sa santé mentale, alors qu'il était emprisonné à Belmarsh. Agé de 34 ans, cet Algérien utilise une chaise roulante et est soupçonné d'avoir été membre d'une organisation terroriste. Le détenu « I. » a été arrêté en 2002 et accusé de lever des fonds au profit d'organisations terroristes. Parmi les autres détenus figure le Palestinien Abou Qatada, 43 ans, considéré jusque-là par la justice britannique comme « un individu réellement très dangereux », « au centre des activités terroristes liées à Al Qaîda en Grande-Bretagne ». Le gouvernement britannique l'a accusé d'avoir été « l'instigateur de plusieurs actes de terrorisme international » et « inspiré » les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Il y a aussi le détenu « E. », un Tunisien, alors que la nationalité de « Q. » est inconnue. Vendredi, Mahmoud Souleïman Abou Rideh, un Jordanien de 33 ans, et « B. » doivent à leur tour être présentés devant la SIAC. L'annonce de ces libérations est intervenue, alors que le gouvernement est engagé dans un bras de fer avec l'opposition conservatrice pour faire adopter son projet de loi qui doit remplacer l'actuelle législation antiterroriste. Pour le gouvernement, l'un des enjeux de cet affrontement était précisément d'obtenir un cadre légal pour s'assurer que ces détenus n'étaient pas purement et simplement remis en liberté, alors que l'actuelle loi sera caduque lundi. La justice britannique a toutefois assorti de conditions sévères la libération de ces hommes. Le suspect « A. » devra ainsi vivre à son adresse connue et sera soumis à un couvre-feu entre 19h et 7h et portera un bracelet électronique, a indiqué le président de la SIAC.