Le magistrat chargé de réexaminer les nouvelles lois antiterroristes du gouvernement britannique et la décision d'expulser les imams et hommes religieux qui prêchent la haine et incitent au meurtre ainsi que ceux qui sont soupçonnés d'être impliqués dans des activités terroristes est venu à la rescousse de l'Algérie en rejetant les accusations selon lesquelles une fois renvoyés vers leur pays, les neuf Algériens en instance d'expulsion pourraient être torturés ou subir des traitements inhumains. Lord Carlile, membre influent de la Chambre des lords et du Parti démocrate-libéral, la troisième formation politique du pays, en sa qualité de « contrôleur indépendant » des nouvelles lois antiterroristes, vient de déclarer dans une interview à la BBC que « le gouvernement a le droit de faire tout son possible pour signer des accords bilatéraux avec d'autres pays afin de s'assurer que les personnes qui sont présentes sur le territoire britannique et dont la présence constitue un risque pour le public soient écartées ». Lord Carlile a rejeté l'idée que les expulsions ne devraient pas avoir lieu si la garantie que la sécurité de ceux ou celles qui sont concernés par ces expulsions n'est pas effective. « La France expulse de manière régulière vers l'Algérie des personnes dont la présence en France constitue un danger pour la sécurité du public », a-t-il dit. « Je n'ai pas eu de preuves qui tiennent la route que ceux qui ont été expulsés vers l'Algérie ont subi des tortures », a affirmé lord Carlile. Le gouvernement du Premier ministre Tony Blair, rappelle-t-on, a pris la décision, la semaine dernière, d'expulser neuf Algériens, membres du Gspc, accusés d'avoir collecté de l'argent et du matériel au profit des groupes terroristes en Algérie et en Tchétchénie, d'avoir utilisé de fausses cartes de crédit pour financer leurs opérations et d'avoir envoyé des jeunes dans des camps d'entraînement en Afghanistan. Lord Carlile a rejeté les accusations que lui et les magistrats prennent à la légère les nouvelles lois antiterroristes. « Les magistrats font tout leur possible pour que les décisions du gouvernement ne soient pas en déséquilibre avec le respect des droits de l'homme », a-t-il fait remarquer, avant de clamer : « Vive l'indépendance des juges. » Cette sortie du juge Carlile intervient après que l'organisation britannique de défense des droits de l'homme Liberty eut déclaré que la décision d'expulsion prise par le gouvernement était synonyme d'un appui à la torture. Un porte-parole de Liberty a ainsi déclaré que « neuf Algériens risquent d'être expulsés vers l'Algérie, un pays qui possède un record exécrable » de torture de suspects. Cependant, lord Carlile a réfuté les accusations que lui et ses collègues ne saisissent pas l'importance et les implications des décisions d'expulsion. « Les magistrats ont administré la preuve qu'ils ne connaissent pas la peur et qu'ils pensent qu'il est juste que les droits de l'homme soient respectés », a-t-il dit en référence à la décision prise par ses collègues de la Chambre des lords en décembre de l'année dernière que la détention sans jugement à la prison de Haute Sécurité de Belmarsh de ces mêmes Algériens, qui aujourd'hui font face à des mesures d'expulsion, était illégale. Effectivement, ils avaient été libérés, mis en résidence surveillée, avant d'être arrêtés de nouveau la semaine dernière en vertu des lois sur l'immigration, dont la mise en application a été rendue encore pus urgente par les attentats meurtriers du 7 juillet et ceux avortés du 21 du même mois.