La fin de la guerre froide n'a jamais signifié celle de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Cela relève aujourd'hui de l'évidence. Plus que cela, cette organisation a admis en son sein de nombreux Etats, principalement parmi les anciens pays communistes ayant même appartenu au Pacte de Varsovie disparu depuis la chute du communisme et la disparition de l'URSS, et il n'est donc pas étonnant que le sommet de l'Alliance atlantique, qui s'ouvre dans une semaine, se tienne dans la capitale polonaise. Ce qui veut dire que cette organisation a passé ce quart de siècle à se renforcer en intervenant en dehors de ses frontières et à repousser ces dernières. Ce qui avait fait dire, il y a longtemps déjà, au premier président russe Boris Eltsine que la Russie en deviendra un jour membre. Il l'avait, bien entendu, déclaré sur le ton de la dérision, mais il mettait néanmoins en garde contre ce qui apparaissait déjà comme une politique résolue. Les uns et les autres n'en sont pas là, mais ce qui est à craindre, c'est bien ce face-à-face qui se profile comme en attestent de très nombreux discours. D'ailleurs, le chef de la diplomatie française semble bien partager cette analyse en déclarant mercredi que le sommet prévu la semaine prochaine ne doit pas être celui de la «confrontation» avec la Russie. «Nous voulons au contraire le dialogue», a déclaré M. Ayrault lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue russe. Sergueï Lavrov a, quant à lui, déclaré : «Nous sommes très préoccupés par le développement du potentiel militaire de l'OTAN à nos frontières. Toutes ces questions doivent être discutées dans la franchise absolue.» Sauf que ce dialogue semble rompu sinon suspendu depuis l'annexion, pour les uns, et le retour, pour d'autres, de la Crimée par la Russie et le conflit avec les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine. De nombreux pays de la région craignent une contagion ou, pour être plus juste, un danger russe. Est-il réel ? En tout cas, l'OTAN a entamé un renforcement militaire sans précédent à l'est pour apaiser les craintes des anciens pays du bloc soviétique inquiets des intentions de la Russie. A l'approche de ce sommet, le chef de l'Etat russe Vladimir a accusé l'Otan de vouloir entraîner la Russie dans une «frénétique» course aux armements et plus globalement de rompre «l'équilibre militaire» en vigueur en Europe depuis la chute de l'URSS. Selon Vladimir Poutine, «l'orientation antirusse de l'Otan s'étale au grand jour. Nous ne nous laisserons pas entraîner dans cette frénésie militariste alors qu'eux semblent justement chercher à nous entraîner dans une course aux armements coûteuse et sans perspective». Ce qui tend à relativiser certains propos et autres inquiétudes quant à un risque de confrontation, amenant à se demander si une guerre est encore possible, pour quels objectifs et à quel prix ? Le chef de l'Etat russe avait prôné la semaine dernière le renforcement des capacités de défense de la Russie face aux «actes agressifs de l'Otan». Le ministre russe de la Défense a, quant à lui, souligné que les actions entreprises récemment par l'OTAN poussent son pays à «prendre des contre-mesures avant tout vers l'ouest». L'Otan et la Russie ont bien signé en 1997 un «acte fondateur» dans lequel les Alliés promettent de ne pas installer de bases permanentes dans les anciens pays du Pacte de Varsovie. Que devient ce texte ? Plus simplement, peut-on encore en parler si l'on considère que la plupart des pays auxquels il est fait référence ont rejoint l'OTAN. Aussi, se demande-t-on, quel est l'enjeu de ce face-à-face ? «Il n'y a plus de confrontation idéologique», rappelait récemment un analyste, un autre soulignait une lutte d'influence au niveau mondial et régional. Que décidera donc l'OTAN ?