Miss Algérie comme l'avait précédée Miss Kabylie et, bien avant, les vagues successives de travailleurs chinois, de malheureux réfugiés syriens et de migrants maliens sont symptomatiques du phénomène de rejet d'une petite minorité d'Algériens qui ne savent probablement pas qu'ils adoptent parfois une posture de racisme dit primaire et quasi inconscient. Depuis l'avènement des réseaux sociaux, chacun y va de sa mixture domestique. Même si les opinions raisonnables et raisonnées sont légion, il se trouve que des commentaires assez radicalisés s'affichent parfois ouvertement sur les murs de sites connus et éminemment visités, portant atteinte à la race ou aux croyances religieuses, bref à la dignité humaine. Même si ces positions sont dans le fond et dans la forme condamnables, nos populations, particulièrement les jeunes, détiennent-elles pour autant la palme du comportement négatif que des esprits douteux et revanchards tentent de le faire accroire, particulièrement de l'autre côté de la Méditerranée ? Dans tous les pays, il existe des minorités imbéciles qui n'acceptent pas les différences et sont intolérantes au libre-arbitre qui n'épouse pas les contours de leurs propres certitudes. Une partie des jeunes Algériens, objet des griefs de la société bien pensante, ont des reproches à se faire, comme la société bien pensante elle-même devrait se remettre en cause et réajuster son logiciel afin de corriger une situation intérieure tendue, susceptible d'hypothéquer à terme la cohésion nationale. Expliquons-nous. La nouvelle génération d'Algériens qui écument aujourd'hui les réseaux sociaux est née sur le chaos de ce qu'était notre pays à la fin du siècle dernier, a grandi sur le terreau de l'étouffement politique et socio-éducatif des années 2000 et souffre présentement de l'atrophie de ses espérances de se voir propulsée vers une vie meilleure. Un certain nombre de ces Algériens n'ont pas côtoyé d'autres populations étrangères, faute d'une restriction drastique des visas, ni ne se sont imprégnés des réalités culturelles de leurs voisins frontaliers. N'ayons pas peur des mots pour dire que personne ne trouve grâce à leurs yeux. Marocains, Tunisiens et beaucoup plus les malheureux «Africains» et autres : tous ont droit aux invectives méprisantes, quand elles ne sont pas carrément haineuses. Les générations antérieures (particulièrement celles des années 1960 et 1970) avaient une philosophie positive des rapports avec les étrangers grâce à des déplacements assez fréquents sous toutes les latitudes et surtout l'attraction touristique que permettaient les atouts de notre pays, son hospitalité d'alors et sa quiétude sécuritaire particulièrement prisés des Européens. Mais, au-delà du rejet de l'étranger, certains Algériens de différentes entités géographiques se revendiquent de la société bien pensante pour jeter l'opprobre sur d'autres Algériens dans une sorte de ridicule condescendance régionale, citadine ou rurale. Ainsi, il y va des Kabyles contre les Arabes et vice versa, de l'Est contre l'Ouest, du Centre contre les gens du Sud, etc. Sans que ce soit très apparent (mais parfois restitué crûment par les réseaux sociaux), les animosités géographiques et l'antagonisme citadinité-ruralité sont hélas une réalité aujourd'hui bien établie. Toute cette ambiance délétère nous renvoie vers un vecteur unique : l'Etat n'assume pas ses responsabilités pour apaiser les tensions intra-muros, l'Etat s'empêche de mettre en place les moyens de prévention et de sensibilisation en vue de créer l'osmose des populations nationales, l'Etat ne met pas à la disposition des générations montantes tous les outils éducationnels nécessaires afin de voir les Algériens se mouvoir dans le respect d'autrui et non dans un comportement extrémiste, dans la fraternité et non dans l'adversité et consolider durablement à l'intérieur de nos frontières la paix et la sécurité.