Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé hier que l'Algérie n'avait récupéré que 2% de ses archives détenues par la France, ajoutant que les relations entre les deux pays ne sauraient être «normales» sans le règlement du dossier de la Mémoire, l'Algérie ne comptant pas renoncer à sa revendication relative à la restitution de la totalité de ses archives. Dans un entretien à l'APS à la veille de la célébration du 54e anniversaire du recouvrement de sa souveraineté, M. Zitouni a précisé que les archives remises par la France à l'Algérie depuis l'indépendance «ne dépassent pas les 2%», estimant que les relations entre les deux pays «ne peuvent être normales» sans le règlement du dossier de la Mémoire et la satisfaction de la revendication de l'Algérie relative à la restitution de la totalité de ses archives spoliées lors de l'occupation française. Sur le plan économique et commercial, M. Zitouni a indiqué que les relations entre l'Algérie et la France étaient «bonnes», mais restaient en deçà de l'objectif escompté concernant la question de la Mémoire. Le ministre a rappelé l'installation, à l'occasion de sa dernière visite en France, de trois commissions dont l'une est chargée de l'examen des archives nationales détenues par la France, tandis que la deuxième s'occupe du traitement du dossier des Algériens disparus durant la période coloniale. La troisième commission est, par ailleurs, chargée du dossier des victimes des essais nucléaires effectués par la France durant la période coloniale, a précisé le ministre qui a fait remarquer que les archives ne concernaient pas uniquement les documents liés à la Révolution, mais également tout ce qui concerne les infrastructures de l'Algérie, l'architecture et l'urbanisme. M. Zitouni a demandé aux autorités françaises d'accélérer le travail des commissions, ajoutant que les archives en possession de l'Algérie et les témoignages recueillis ainsi que les mémoire écrites, y compris les mémoires des bourreaux français, suffisaient pour écrire l'histoire de l'Algérie durant cette période. Il a, par ailleurs, souligné que la revendication relative à la restitution des archives était une question de «principe pour les Algériens». 2000 Algériens disparus durant la guerre de Libération Concernant le dossier des disparus durant l'occupation française, le ministre des Moudjahidine a affirmé que les statistiques préliminaires montraient que le nombre de disparus, durant la guerre de Libération nationale (1954- 1962), s'élevait à plus de 2000 victimes. Il s'agit de détenus incarcérés ou retenus dans des centres d'interrogatoire français, selon le ministre qui a ajouté que l'opération de recensement se poursuivait et la commission installée à cet effet allait travailler conformément à l'accord qui prévoit l'identification des sépultures de ces victimes. Parmi les chouhada n'ayant pas de sépulture connue figurent Ahmed Bouguerra, El Djilali Bounaama, Larbi Tebessi ainsi que le Français qui a soutenu la cause algérienne, Maurice Audin. Dans le cadre de ses efforts visant à récupérer ses archives, l'Algérie œuvre à la restitution des crânes des premiers résistants algériens, conservés au Musée de l'homme à Paris. «32 crânes de vaillants résistants algériens ont été recensés», selon le ministre qui a indiqué que «l'Algérie demeure attachée à la récupération des crânes de nos aïeux qui doivent avoir leurs sépultures en Algérie». «Les crimes odieux perpétrés par la France durant 132 ans d'occupation témoignent de la barbarie de ce qu'a accompli ce pays en Algérie», a souligné le ministre.