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Kirikou, loin des clichés colonialistes
Publié dans El Watan le 19 - 02 - 2010

Superstitions, statut de la femme, transmission du savoir… Projeté aujourd'hui à 15h, Kirikou, sémillant diablotin d'ébène, change notre regard sur sa société africaine.
Kirikou est un drôle de héros. Il se promène tout nu et danse sur Youssou n'Dour. Jamais il ne croise la route d'un phacochère débile et chantant. Et il ne parle pas non plus avec l'accent polissé d'un petit blanc. « Kirikou échappe au cliché du ‘bon sauvage', à cette vision très colonialiste faite à la fois de rejet et de fascination qui structure notre pensée occidentale », analyse Olivier Barlet, rédacteur d'Africultures. Yves Pinguilly, auteur de contes africains, partage le même avis : « Kirikou va à l'encontre de la vision occidentalisée du continent que décrivent les productions américaines des vingt dernières années. Il faut dire que l'Afrique n'a pas souvent parlé pour elle-même. Les colons l'ont fait à sa place mais pour une Afrique qu'ils n'ont pas su voir. » Celle de Kirikou. Celle des contes traditionnels d'Afrique occidentale, où les animaux s'expriment et où les enfants parlent dans le ventre de leur mère. Héros d'une société traditionnelle, Kirikou est en réalité intemporel. « L'Afrique ne doit pas être réduite à cette dichotomie tradition-modernité, explique Thierry Dia, enseignant chercheur en cinéma à l'université de Bordeaux III et de Dakar.
Je crois plutôt que le choc culturel entre l'Afrique et le monde occidental a contribué à gommer certaines de nos valeurs. L'influence de l'Islam et du patriarcat chrétien ont par exemple atténué la place très forte des femmes dans notre culture. » Michel Ocelot, le réalisateur, leur restitue justement ce rôle prépondérant dans le fonctionnement de la société. Alors que les hommes sont partis « chasser » la sorcière, Kirikou évolue au milieu de femmes, qui pilent les céréales, font la cueillette, portent l'eau… et incarnent des mères bienveillantes. « Ce sont elles qui font marcher le pays, explique-t-il. Dans Kirikou et les bêtes sauvages, je vais encore plus loin. Les femmes sont empoisonnées et je montre que sans elles, le village est fichu. » C'est aussi à travers ce village, frappé par les malédictions de la sorcière, que sont véhiculées toutes sortes de croyances et de superstitions : les hommes ont été « mangés », la source est maudite… « Même si le développement a permis de transcender ces croyances ancestrales, elles survivent encore dans nos sociétés », précise Achille Kouawo. « Les musulmans dès le XIIIe siècle puis plus tard les chrétiens n'en sont pas venus à bout… », ajoute Yves Pinguilly.
Mais ces croyances s'accompagnent aussi de valeurs : le respect des aînés, par exemple, que le réalisateur prend plaisir à démystifier. « Le chef du village qui prétend tout connaître est un imbécile, plaisante-t-il. En revanche, le grand-père de Kirikou, qui dit ne pas savoir grand-chose en sait en réalité beaucoup. » Et c'est de lui que le bambin hérite du savoir. « En Afrique, le savoir se transmet oralement à celui qui le mérite, qui se montre respectueux de celui qui détient la connaissance, explique Achille Kouawo. Car comme le dit le proverbe : ‘Ce qu'un vieillard voit assis, un jeune ne le voit pas debout'. » Serait-ce la morale de l'histoire ? Une parmi tant d'autres, comme l'analyse Thierry Dia. Ce film pose aussi la question de la responsabilité et du rapport au pouvoir. La quête de Kirikou pour faire revenir le père au foyer est une quête pour rétablir l'autorité tout en trouvant sa propre place. « Pour vaincre le mal qui monopolise le pouvoir, autrement dit la sorcière, il faut faire preuve de stratagème. Pour lui faire du bien, poursuit-il, il faut lui faire du mal à son insu… Et ça marche. Malgré les difficultés, la réconciliation est possible. N'est-ce pas une magnifique métaphore de la situation politique en Afrique et un superbe message d'espoir ? »


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