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Si l'Etat a les moyens de réaliser cette mosquée, il n'aura pas les moyens de l'entretenir M'Hamed Nour Eddine Sahraoui. Architecte, urbaniste et promoteur immobilier
Vous qui aviez proposé une maquette qui n'a pas été retenue, que pensez-vous des nouvelles modifications ? Avant d'organiser le concours d'architecture national et international, l'agence qui chapeaute ce projet a fait le tour de quelques bureaux d'architectes. Etant donné que les propositions n'ont pas été satisfaisantes, on a fait appel à moi pour proposer une maquette répondant à la volonté du président de la République qui voulait une mosquée authentique. Je me suis attelé à faire une étude. J'ai voulu rompre avec les stéréotypes sur la mosquée pour quelque chose d'authentique représentatif du XXIe siècle et pas une répétition à l'infini d'une typologie qui ne devait son existence que parce que les techniques qui existaient à l'époque ne permettaient de franchir les distances qu'avec des arcades, des coupoles et autres techniques vétustes. Les seules armes alors à la disposition des constructeurs parce qu'il n'y avait pas encore eu l'avènement du béton armé. Voulez-vous dire que le projet n'est pas le meilleur de ce qu'on attendait ? Quand j'ai proposé mon projet, j ai tenu à préserver les fondamentaux. Par exemple : la salle de prière qui doit être la plus grande pouvait bien se passer d'obstacles visuels entre les prieurs et l'imam, sur un plateau de prière de 120 m de diamètre. J'ai présenté mon plan au président Bouteflika et cela a provoqué chez lui un assentiment, sa réponse était : « Vous m'avez convaincu, quand est-ce qu'on inaugure la mosquée ? » Puisque vous avez eu l'approbation du Président lui-même, pourquoi le projet n'a-t-il pas été concrétisé ? D'autant plus que vous prévoyiez de le faire gratuitement… Pour un architecte, construire un ouvrage d'une telle envergure à lui seul représentait déjà une récompense. Il existe certainement une partie qui s'est interposée entre le Président et moi afin d'imposer ce concours et opter pour des étrangers. Au final, un concours international a été organisé avec des exigences pour le moins sévères en matière de chiffre d'affaires, expérience, etc. Des architectes ont dénoncé l'opacité autour du projet, de sa gestion. Etes-vous du même avis ? Non, je ne peux pas m'avancer à dire cela, mais le fait que l'on ait gardé le même bureau d'études en dépit des modifications qui ont été apportées à la maquette, cela pousse à se poser des questions. Des spécialistes avancent que le terrain de Mohammadia n'est pas conforme… Au début, les décideurs prétendaient vouloir construire une mosquée accessible aux Algérois, alors que l'une des raisons qui ont compromis mon projet – selon les concernés – était son emplacement sur le terrain de l'hippodrome du Caroubier, considéré comme trop éloigné ! Le terrain de Mohammadia non plus ce n'est pas la porte à côté ! Le changement du terrain a été la conséquence d'un consensus qui a été à l'initiative du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs et de quelques personnalités constituant l'agence qui chapeaute ce projet. Ces derniers ont rejoint l'idée du ministère selon laquelle un autre terrain serait plus approprié. Le terrain choisi pose problème pour l'acheminement de milliers de prieurs qui convergeront tous au même endroit en même temps. Par ailleurs, on veut greffer à la mosquée un musée, un centre culturel, une école d'enseignement, tout ça sur un minaret dit « dynamique ». Cette conception me semble risquée sur une zone sismique se trouvant, de surcroît, sur la côte. Il risque d'y avoir affaissement progressif. Pensez-vous que l'Etat a les moyens d'entretenir cette mosquée ? Il suffit de regarder les constructions autour de nous pour constater que l'entretien n'est pas une priorité. Donc, si l'Etat algérien a les moyens de réaliser cette mosquée, il n'a certainement pas les moyens de l'entretenir au regard des édifices que l'on prévoit d'insérer. La réalisation de la mosquée et son entretien contraindront l'Algérie à couvrir des dépenses extrêmement onéreuses.