Une première estimation, recueillie auprès de responsables du ministère de l'Agriculture, montre que le stress hydrique ayant affecté plusieurs régions céréalières du pays n'a finalement pas trop impacté la campagne. «Les précipitations de mars et avril ont sauvé les cultures, à l'exception de la région ouest, où il n'a pas plu pendant les mois de décembre et janvier. Ajouté à cela, l'irrigation d'appoint, à laquelle recourent de plus en plus d'agriculteurs, a permis de compenser le manque de précipitations enregistré cet hiver», nous explique-t-on. Dans les régions du sud du pays, où la campagne moisson-battage a pris fin en juin dernier, la récolte est meilleure que l'année précédente. Des pics de rendement allant de 70 à 75 quintaux/hectare ont même été atteints dans certaines wilayas, comme à Ghardaïa où une production globale estimée à 139 400 quintaux des différentes céréales a été enregistrée. La production céréalière, qui dépend essentiellement de la pluviométrie, connaît ces dernières années un recul, comparativement à l'année record de la campagne 2008-2009, qui avait culminé jusqu'à 61,2 millions de quintaux, suivi d'une chute à 45 millions de quintaux en 2010 et à 42,45 millions de quintaux en 2011, avant de remonter à 51,2 millions de quintaux en 2012, et de rechuter par la suite à 49,1 millions en 2013 et à 35 millions de quintaux en 2014. La facture d'importation des céréales (blé, maïs et orge) a baissé de près de 18% durant le premier semestre de 2016 par rapport à la même période de l'année 2015, alors que les quantités importées ont enregistré une hausse de 8,7%, a indiqué récemment le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis). La facture de ces denrées a reculé à 1,56 milliard de dollars durant le premier semestre, contre près de 1,9 milliard de dollars à la même période de 2015, a souligné la même source. Globalement, que ce soit pour le blé dur ou le blé tendre, la facture a, à chaque fois, connu un net recul. Si le pays paye moins et importe plus ces produits, cela est dû au recul des cours sur les marchés mondiaux des céréales, constaté depuis 2015 à la faveur de stocks abondants et de bonnes récoltes mondiales, rappelle-t-on. L'Algérie ambitionne, à travers le programme quinquennal 2015-2019, de réduire ses importations de céréales et de réaliser son autosuffisance en blé dur, compte tenu des capacités disponibles localement. Selon des chiffres présentés en juin dernier par le nouveau ministre de l'Agriculture, Abdeslam Chelgham, la moyenne de la production de blé dur au cours de la période 2009-2015 est estimée à 21 millions de quintaux contre 13,5 millions de quintaux en 2000-2008, soit une hausse de 61%, due à l'encadrement technique et économique et aux conditions météorologiques favorables au niveau des principales régions de production. Pour répondre aux besoins du pays en blé, estimés à 80 millions de quintaux par an, le ministre a souligné que «le recours à l'irrigation des céréales s'impose comme une option à même de sécuriser la production, en sus des efforts nécessaires en matière de recherche et de développement pour améliorer la performance technique». M. Chelgham a évoqué le programme de sécurisation de la production céréalière par l'irrigation, lancé en 2008-2009 au niveau de 13 wilayas avant sa généralisation à 43 wilayas, rappelant l'objectif du gouvernement d'atteindre 600 000 hectares irrigués pour la filière céréales à l'échéance 2019.