L'attaque aurait fait 5 morts parmi les militaires, mais des sources maliennes démentent ce bilan. Selon elles, les militaires ont arrêté 5 terroristes et récupéré un important lot d'armes. Le GSPC donne la preuve qu'il est bel et bien implanté au Mali. Quelques heures après les déclarations du président malien à El Watan, le GSPC a frappé fort au nord du Mali. Selon des sources sécuritaires locales, un groupe composé d'une quinzaine de terroristes a attaqué dimanche dernier, vers 11h30, une patrouille de militaires chargée d'assurer la sécurité du scrutin communal – qui s'est ouvert le même jour – à l'extrême nord de Tessalit, dans la région de Kidal, située à quelques centaines de kilomètres de la frontière sud-ouest avec l'Algérie. Selon nos sources, les assaillants armés de kalachnikovs et dotés de moyens de communication satellitaire étaient à bord de trois véhicules tout-terrain et attendaient le passage de la patrouille, dont ils avaient surveillé les mouvements. L'accrochage aurait duré plus d'une heure avant que les renforts, qui n'étaient pas loin, n'arrivent sur les lieux. Nos interlocuteurs avancent un bilan de 5 morts ainsi que des blessés parmi les militaires, mais des sources officielles maliennes, que nous avons jointes hier, affirment « n'avoir subi aucune perte. L'opération a été réussie ». Selon elles, les forces maliennes « ont encerclé le groupe de terroristes et fait prisonniers quatre d'entre eux » alors qu'« un important lot d'armes et de munitions, des véhicules et des équipements divers de communication ont été saisis ». Nos sources, faut-il le souligner, ne parlent plus de salafistes, mais de « terroristes que l'armée malienne a neutralisés ». Peut-on croire que les autorités maliennes se soient rendu compte de la nuance ? On n'en sait rien. En outre, aucune information sur l'identité des quatre terroristes arrêtés n'a été donnée, sous prétexte que « l'enquête à ce sujet est en cours ». Cependant, des sources au fait de cette affaire sont formelles. Il s'agirait d'un groupe composé de terroristes algériens guidés par des Maliens. « Ils voulaient lancer un message aux autorités maliennes : ils peuvent frapper à n'importe quel moment, où et quand ils le veulent. Le choix de l'attaque au moment où se déroulent les élections communales, c'est-à-dire où la région est envahie de militaires, prouve l'assurance avec laquelle le GSPC a pour habitude d'activer au nord du Mali », explique nos interlocuteurs. En fait, quelles que soient les conditions dans lesquelles cette opération a eu lieu, cela démontre au moins que le GSPC semble avoir rompu le « deal » qu'il a passé avec les officiels maliens. Celui de ne jamais commettre d'attentats sur le sol qui lui sert de gîte. C'est également une réponse au président Amadou Toumani Touré, qui déclarait dans l'entretien qu'il nous a accordé à Bamako, que le GSPC « n'a jamais commis d'actes terroristes sur le territoire malien ». C'est également un démenti flagrant adressé au chef suprême du Mali, qui ne cesse d'affirmer que le GSPC ne se trouve pas sur son sol, mais sur toute la bande sahélo-saharienne. L'attaque d'hier, même si elle est avortée, montre encore une fois que la région est véritablement sur un volcan. Elle intervient au moment où les négociations avec le groupe de Abou Zeid, émir du GSPC pour la région sahélo-saharienne, se poursuivent pour aboutir à la libération de deux touristes, un Britannique et un Suisse, détenus en otages depuis plus de quatre mois. Mokhtar Belmokhtar, un chef de la même zone, mais en disgrâce avec l'émir national Droukdel, a, après de longues tractations, décidé de libérer les deux diplomates onusiens de nationalité canadienne, qu'il détenait depuis le début de l'année en cours. Les ex-otages avaient été enlevés au Niger par un groupe de contrebandiers qui les a remis au GSPC. Quatre jours après la libération de quatre otages (deux par Belmokhtar et deux autres, des femmes âgées, par Abou Zeid), Abou Zeid menace d'exécuter les deux otages restants (britannique et suisse), si ses revendications ne sont pas acceptées. Officiellement, il s'agit de la libération de salafistes mauritaniens arrêtés au Mali, et Abou Koutada en détention à Londres, mais officieusement, ils auraient exigé une rançon dont le montant n'aurait pas été déterminé. Rappelant étrangement l'épisode de l'enlèvement des touristes autrichiens, libérés après 9 mois de détention, contre le paiement d'une somme que certains estiment à 10 millions d'euros. L'on se rappelle qu'au début de ce rapt, les auteurs avaient exigé la libération de certains terroristes avant de réclamer une rançon.