Sous son bonnet mal ajusté, Medjahri Lahbib cache un secret limpide. C'est le genre de metteur en scène touche-à-tout, inégal forcément, mais dans ses meilleurs moments, capable d'insuffler un peu de vie, d'incarnation, dans des projets que l'on imagine blindés sur papier. Fortement imprégné par les travaux réalisés par Alloula, il passe pour être quelqu'un d'intraitable lorsqu'il est question de respect du dispositif scénique. Né en 1949, il monte sur scène pour la première fois en 1964, avant d'intégrer le Théâtre régional d'Oran en 1972 pour une carrière professionnelle. Li kla ikhalass en 1984, Ekhtar aoudek en 1989, Malhamet chahid Boumlik en 1999, Maâzet litim en 2000, puis Aboud 1er, sont des pièces de théâtre parmi d'autres, qui balisent de façon prononcée le parcours de Medjahri en tant que metteur en scène. Membre fondateur de l'association Abderahmane Kahouaji, il marquera une courte halte au théâtre Mahfoud Touahri à Miliana en 1994, avant de mettre sur pied la coopérative El Warcha de Sidi Bel Abbès. Diriger une équipe sur scène, pour lui, est avant tout une magnifique aventure humaine, où l'essentiel est « de partager un (son) rêve ». « Un travail artistique ne peut être conçu comme une simple production à dimension purement commerciale. C'est une complicité indéfectible qui nous unit sur scène et qui confère aux pourvoyeurs d'émotions que sont les comédiens une plus grande liberté et un engagement toujours réitéré. Il nous appartient de stimuler l'imaginaire du public tout en gardant une partie de notre rêve. C'est l'essentiel », sagace, relève-t-il. Le 31 décembre 2004, Medjahri Lahbib a mis fin à son « fonctionnariat » au sein du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, qu'il intégra au milieu des années 1990. El Djamila oua choujaâne, une adaptation de Blanche-Neige et les sept nains, travaillée par Hammoumi Ahmed, est l'un des projets sur lequel il s'attelle depuis. En intégrant les membres de l'association des personnes de petite taille de la ville de Sidi Bel Abbès à ce projet, Medjahri tente apparemment d'épater, d'intriguer, à défaut de bouleverser. Pourquoi un tel choix ? « Parce que tout simplement ce sont des personnes qui ont leurs propres spécificités, bourrés de talents et très motivés. Il ont fait de la figuration au cinéma même si l'espace n'est pas identique », dit-il. Autre projet de Medjahri en maturation : Kharroub bladi, les péripéties d'un duo de harraga (candidats à l'immigration clandestine) face à un destin inconnu, un texte de Bouziane Ben Achour.