Car la galerie accueille l'exposition de Sneak. Un artiste urbain, originaire d'Alger et qui n'hésite pas à sillonner le pays et même le monde dès que l'occasion se présente, afin de découvrir de nouveaux horizons et sources d'inspiration. Passionné de calligraphie et revendiquant la liberté, ce jeune talent ne recule devant rien pour écrire celle-ci sous toutes ces formes. Il ne faut guère être un spécialiste de l'art de rue pour apprécier le travail de ce «grapheur» d'orientation primaire. En effet, pour cette exposition, Sneak exhibe une collection de tableaux riche, dont certains ont été confectionnés en exclusivité pour ce rendez-vous. Le calligraffiti n'est autre que de la calligraphie qui abandonne son cadre pour fusionner avec la liberté, en dehors des normes classiques de cette dernière. On ne s'étonne pas du choix du style de l'artiste. Un artiste qui fait également dans la recherche en géométrie cherchant ainsi à donner la valeur esthétique qui sied à son travail. Un travail que le street-artiste considère comme un ressourcement spirituel dicté par le rythme de l'exécution. C'est la première fois que Sneak expose à Constantine. L'architecture et la topographie de Cirta ont laissé une trace indéniable sur sa personne, nous confia-t-il. «Une ville urbaine synonyme de vie», mais également synonyme d'amitié, de encontres et d'échanges, car, à ses yeux, la ville est aussi une référence et un repère en matière d'art urbain, grâce à des noms comme Ink industriz ; le label même du puriste du mouvement qui représente un appui psychologique pour lui. Ou même Lmnt, un artiste urbain et calligraffitiste également, originaire de Souk Ahras, dont le travail s'exporte outre-mer, et dont l'empreinte est omniprésente dans cette Cirta. Constantine encore une fois pont culturel par excellence ! Abordant la question du mouvement de l'art urbain en Algérie, Sneak ne mâchera pas ses mots en dénonçant ce qu'est devenue la scène de l'art de rue aujourd'hui. Elle est tombée entre de mauvaises mains qui la laissent dépérir et lui ôtent l'essence même du mouvement qui n'est autre que la rue. Il a également signalé qu'une partie de notre jeunesse ne croit plus dans la force de l'action, bien au contraire elle s'abandonne à la facilité, l'utopie et la rêverie, brûlant ainsi toutes les étapes menant à l'aboutissement. Une attitude défaitiste qui laisse la rue orpheline de ses artistes. Partage, paix et valeurs humaines, sont les mots que Sneak n'a pas cessé de répéter tout au long du vernissage de son exposition. Des mots qui se fondent dans son rêve de voir les artistes dits urbains, habiller les rues avec des messages de liberté ornés d'une croyance aveugle dans leur force loin du paraître et du fame «le temps, c'est du graffiti», dixit Sneak.