Pour beaucoup d'observateurs, le scénario d'avant-hier rappelle étrangement les saisies qui ont eu lieu à la veille du déclenchement des événements de Kabylie au printemps 2001. Une rumeur faisant état du passage d'une commission de contrôle a suffi pour provoquer, avant-hier, le baisser de rideau en cascade de la majorité des commerces dans la commune de Béjaïa, avant que ce phénomène ne fasse tache d'huile hier dans des localités de l'intérieur de la wilaya. Une commission de contrôle mixte, que composeraient des éléments de la DCP, de la douane et des services de sécurité, était annoncée comme étant en activité dans la ville où elle aurait procédé à des saisies de marchandises non facturées. Le bureau de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a créé « une cellule de crise », selon son coordinateur communal, Samir Mamasse. Une rencontre a rassemblé plusieurs commerçants de différents quartiers de la ville pour discuter de la situation. « Il s'est avéré qu'il n'y a aucune commission de contrôle. Ce sont des rumeurs que des gens ont colportées », nous affirme M. Mamasse. L'UGCAA a appelé hier la corporation des commerçants à rouvrir. Durant la même journée, le cabinet de la wilaya a fait la même chose à travers un communiqué rendu public où il confirme que « le phénomène s'est poursuivi partiellement le 24 février ». « La wilaya de Béjaïa dément catégoriquement ces rumeurs et confirme qu'aucun contrôle systématique des commerces n'a été déclenché par les services de la wilaya de contrôle », est-il écrit, avant d'appeler les commerçants « à travailler dans la sérénité et à signaler aux services de sécurité tout fait anormal ». Une situation inédite dans les annales du secteur du commerce dans la wilaya. Mais de quoi ont eu peur les commerçants ? « Des saisies », nous répond le coordinateur de l'UGCAA, qui dit, qu'il y a « des défaillances et des injustices » dans le secteur. En plus du phénomène des produits contrefaits, notre interlocuteur expose le problème de l'absence de factures. « C'est connu, 80% des produits à l'échelle nationale sont non facturés. C'est une situation qu'on a héritée depuis longtemps », nous déclare-t-il. « Qui sont ces gens-là que l'on soupçonne d'être derrière ces rumeurs ? Quels sont leurs desseins ? », s'interrogeaient hier les commerçants, qui ont repris progressivement leurs activités. « Veut-on déstabiliser la région ? », se demande M. Mamasse. C'est que, pour beaucoup d'observateurs, le scénario d'avant-hier rappelle étrangement celui des saisies qui ont eu lieu à la veille du déclenchement des événements de Kabylie au printemps 2001.