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Des raisons bassement politiciennes
MOUVEMENT CITOYEN EN KABYLIE
Publié dans L'Expression le 04 - 11 - 2003

les citoyens assistent médusés au retour des vieux réflexes.
La guerre que se livrent présentement les acteurs politiques en Kabylie n'est franchement pas de nature à susciter un quelconque espoir. C'est du moins l'avis le plus partagé au sein de l'opinion locale qui, même si elle est démobilisée, garde néanmoins un oeil attentif sur tout ce qui se trame sur la scène politique.
A défaut de rassembler les forces à même de faire aboutir le combat pour lequel sont tombés près de 120 martyrs, les citoyens assistent médusés au retour des vieux réflexes qui, faut-il le préciser, sont, en grande partie, à l'origine de la révolte d'avril 2001. La classe politique kabyle qui était incapable de prévoir les événements du Printemps noir, donne l'impression de n'avoir pas saisi les leçons. Sinon comment peut-on expliquer ces remous et autres agitations qui la minent au moment même où tout indique que l'on s'approche du but.
Dans tous les cas de figure, et eu égard à ce qui est rapporté au quotidien, le pouvoir se présente comme l'unique vainqueur. Lui, qui a échoué en misant sur l'essoufflement du mouvement, le voilà qui est en passe de réussir ce que tout le monde redoute, ici en Kabylie: l'éclatement du mouvement citoyen.
Les analystes de la chose politique n'y vont pas par quatre chemins pour expliquer cette situation critique que traverse le mouvement des archs. En termes à peine voilés, on désigne l'entourage des chefs de partis influents en Kabylie, en l'occurrence Saïd Sadi du RCD et Aït Ahmed du FFS.
Les «conseillers» de Sadi et d'Aït Ahmed ont toujours agi à contre-courant. Casser l'élan du mouvement citoyen pour ensuite faire endosser la responsabilité aux délégués authentiques. Via des délégués dont certains sont conscients et d'autres naïfs, le personnel politique d'avant-avril 2001 agit dans l'ombre.
Pour des raisons bassement politiciennes liées à leur promotion politique, ils manipulent et sèment le doute pour discréditer les délégués qui deviennent au fur et à mesure de sérieux concurrents. Les délégués utilisés dans ces manoeuvres sont généralement consentants ou naïfs, mais savent-ils seulement qu'en refusant de construire, ils prennent des risques fort préjudiciables pour la région? Rien n'est moins sûr ! Au lieu de favoriser la construction par des rapprochements même conjoncturels, les acteurs politiques en Kabylie excellent dans les calculs et entretiennent la suspicion en s'éloignant de plus en plus de l'essentiel.
Que l'on juge : le mouvement citoyen, qui a canalisé, rassemblé puis mobilisé la population de Kabylie durant les moments les plus forts, a commencé à recevoir des coups de boutoir au lendemain des législatives. Le FFS, qui s'est toujours présenté dans l'habit de vainqueur, a été le premier à affronter de face les archs. N'ayant pas mesuré à sa juste valeur sa participation aux locales, le parti d'Aït Ahmed n'en finit pas encore de subir les conséquences au point de revoir aujourd'hui ses ambitions à la baisse. Le cas du RCD reste dramatique et illustre un autre cas de figure, dont «en accompagnant le mouvement», ils (les lieutenants de Sadi) surveillent de près l'évolution. Agissant dans l'ombre, ils peaufinent leur stratégie avec au bout: discréditer le mouvement, et par voie de conséquence, ses représentants.
Cela étant, on distille parallèlement un message aux tenants du pouvoir qui se résument à cela : «Je suis là. Je fais la pluie et le beau temps.» Une façon de dire «le règlement de la crise ne peut se faire sans et en dehors de moi». A côté, on hésite à afficher ces affinités pour l'élection présidentielle 2004. Tout ce scénario est bien sûr ficelé par ceux qui, étant en mal de popularité, n'ont de souci que de se maintenir en place. Alors tout est bon, pourvu que cela alimente la discorde. Mais le risque qui, semble-t-il, n'a pas a priori été pris en compte, est que les prémices d'une situation semblable à celle connue à la veille du Printemps noir, sont là.
Comme à l'époque, ceux qui sont censés prévenir, s'occupent de l'accessoire oubliant l'essentiel. L'urgence n'est-elle pas dans la construction?


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